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« Au plan du droit, la candidature de Paul Biya ne devrait plus être admissible », a affirmé Moïse Timtchueng sur STV

Invité dans l’émission ENTRETIEN AVEC diffusée le 29 mai 2025, l’enseignant de droit et de science politique a remis en question la recevabilité d’une nouvelle candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle, estimant qu’elle est « juridiquement contestable ».

Si le président sortant au Cameroun ne s’est pas encore déclaré officiellement candidat à la prochaine élection présidentielle, les débats se poursuivent sur l’effectivité de cette candidature. Alors que, dans les médias, les uns et les autres évoquent l’objectivité ou la légitimité de cette candidature, Moïse Timtchueng relève des points qui, selon lui, pourraient la rendre irrecevable.

Pour cet universitaire, plusieurs dispositions du Code électoral et de la Constitution camerounaise rendent la candidature de Paul Biya juridiquement « contestable ». « Sur le terrain juridique, aujourd’hui la candidature de Biya est suffisamment contestable. Et ce que je dis est d’ailleurs repris par l’un des compatriotes militants du RDPC en la personne de M. Leon Theiller Onana. Mais avant qu’il n’y vienne, j’étais le premier à mettre sur la place publique la question de l’inéligibilité de Paul Biya fondée sur l’article 118 du Code électoral. Parce que l’article 118 dit : « sont inéligibles les personnes qui, de leur propre fait, se sont mises dans une situation d’indépendance vis-à-vis d’une personne, d’un État ou bien d’une organisation étrangère ». Et lorsque vous vous rappelez que l’article 5 de notre Constitution fait au président l’obligation de veiller au respect de la Constitution, de garantir la souveraineté nationale, de préserver l’indépendance de l’État, c’est inadmissible que, dans ce contexte, Paul Biya, d’une rencontre avec le président français François Mitterrand en 1990, puisse dire qu’il en est le meilleur élève. On connaît les rapports du maître et de l’élève : le maître peut flageller l’étudiant, il peut lui donner des injonctions, il peut le sanctionner. Donc vous voyez, c’était la mise à mal de notre souveraineté, de notre indépendance que le chef de l’État est censé garantir », a-t-il affirmé.

« Récemment encore, au lendemain du Grand Dialogue National, il a dit qu’il était allé rendre compte à M. Emmanuel Macron, président encore de la France. Vous voyez ? Alors, lorsqu’on se rappelle divers propos et divers faits posés par Paul Biya pendant ces 43 ans à l’égard des présidents français successifs, de Mitterrand jusqu’à Emmanuel Macron, vous comprenez que les déclarations de Paul Biya ou ses faits sont de nature à établir que le Cameroun n’est rien d’autre qu’une sous-préfecture française. Et donc notre indépendance, pour le chef de l’État qu’il est censé garantir, pose un problème », a-t-il ajouté.

Éventuel blocage au niveau du dossier de candidature

Moïse Timtchueng évoque également l’article 122 du Code électoral, qui exige de tout candidat à l’élection présidentielle une déclaration d’engagement à respecter la Constitution. Une exigence que, selon lui, Paul Biya ne pourrait pas remplir en toute sincérité. « Le dernier argument par rapport à l’inéligibilité de Paul Biya, c’est l’article 122. L’article 122 du Code électoral énumère les pièces nécessaires pour le dossier de candidature. Et parmi les pièces qui doivent figurer dans le dossier, il y a que chaque candidat doit signer une déclaration dans laquelle il s’engage à respecter la Constitution. Alors, mais lorsqu’on connaît les violations de la Constitution par Paul Biya pendant ces 43 ans de gouvernance du Cameroun, une déclaration qu’il ferait aujourd’hui ne serait pas sincère. Et le défaut de sincérité de la déclaration en entraîne la nullité. Et si la déclaration est nulle, ça veut dire que le dossier est incomplet. Cela devrait aboutir à un rejet », a-t-il martelé.

Il a également rappelé, d’après lui, l’inapplication de certaines dispositions de la Constitution sur la déclaration des biens, notamment en ce qui concerne le chef de l’État. « L’article 66 sur la déclaration des biens n’a jamais été exécuté. Pour le cas du chef de l’État, je ne pense pas que le texte d’application était nécessaire parce que la déclaration des biens du chef de l’État se fait publiquement. Ce sont les autres personnalités inférieures qui ont besoin de confidentialité. Comme je vous l’ai dit, au plan du droit, strictement parlant, la candidature de Paul Biya ne devrait plus être admissible », a-t-il poursuivi, précisant que pour lui il ne s’agit pas d’un débat polémique, mais d’un problème juridique.

This post was published on 30 mai 2025 17 h 09 min

K.N.

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