« Combien de femmes s’engagent en politique de manière sérieuse ? », s’est interrogée Tiriane Noah sur African Renaissance TV

Invitée du premier numéro de l’émission L’ENTRETIEN VÉRITÉ, le 7 mars 2025, la deuxième vice-présidente du MRC a appelé les femmes à s’engager activement pour les prochaines échéances électorales au Cameroun. D’après elle, la femme peut jouer un rôle majeur dans la vie politique, car « ce sont les femmes qui font le nombre, le chiffre dans les partis politiques ».

À l’occasion de la 40ᵉ Journée internationale des droits des femmes, Tiriane Noah a donné son analyse sur les défis de la participation politique des femmes. Interrogée par Romaric Tenda sur ce qu’il faut faire pour que les femmes soient mieux représentées dans le milieu politique, l’agricultrice a d’abord relevé quelques obstacles. D’après elle, la politique est un milieu hostile où, pour évoluer, il faut s’armer de courage.

« La scène politique est tellement difficile. Elle est extrêmement compétitive, non pas seulement en matière de mentalité, mais en matière de résistance, en matière de conviction. Et elle est extrêmement violente », a déclaré Tiriane Noah. Face à ces obstacles, elle regrette que peu de femmes s’engagent sérieusement en politique, dénonçant celles qui se contentent de jouer des rôles secondaires dans les partis. « Combien de femmes déjà s’engagent en politique de manière sérieuse ? Donc, si elles ne s’engagent pas de manière sérieuse, je ne dis pas s’engager pour applaudir, ça c’est autre chose. Il y a les applaudisseuses, les youyouteuses, les pleureuses, les danseuses sont là. Donc ça, je ne sais pas si on peut les appeler femmes politiques, mais elles sont quand même engagées dans certains partis politiques et donc on pourrait naturellement les introduire dans un champ politique. »

Selon elle, celles qui aspirent à des rôles politiques de premier plan doivent faire preuve d’un courage considérable. Mais pour que cet engagement soit fructueux, elles doivent être soutenues, y compris par les hommes. « À partir du moment où les femmes s’engagent en politique, elles doivent être elles aussi accompagnées par les hommes dans ce cadre politique. »

Accompagner la femme

Tiriane Noah met en lumière les difficultés spécifiques que rencontrent les femmes engagées en politique, liées à leurs multiples responsabilités familiales et professionnelles. « Elles sont mères, elles sont épouses, et elles peuvent aussi avoir une activité professionnelle. Il est extrêmement difficile de joindre les trois », a-t-elle expliqué. La cadre du parti de Maurice Kamto plaide pour que les femmes obtiennent de véritables responsabilités au sein des partis politiques et des institutions. « Elles devront aussi être accompagnées dans ces partis qui les encadrent afin qu’elles puissent prétendre à des postes un peu plus sérieux. » Selon elle, il ne suffit pas d’accorder des titres symboliques, encore faut-il donner aux femmes les moyens d’exercer pleinement leurs fonctions.

Elle appelle à une réforme législative pour corriger les déséquilibres actuels dans la répartition des postes de responsabilité. « Nous avons 360 communes, comment on fait pour n’avoir que 30 femmes maires ? Ça veut dire qu’on a laissé 330 postes de mairie aux hommes. Mais c’est impensable. Les femmes sont telles qu’elles remplissent les rangs, parce que si on regarde bien, les femmes, c’est 51 % quand même de la population. Et les femmes sont nombreuses partout […] Dans les partis politiques, ce sont les femmes qui font le nombre, le chiffre des partis politiques. Et donc, comment fait-on pour ne pas avoir autant de maires ou tout au moins la parité ? Il y a un problème sérieux. Alors je pense qu’il faut quand même revoir les politiques législatives avec des réformes législatives », a-t-elle proposé.