Frédéric Mounsi sera décoré à titre posthume

Le journaliste et chercheur, brûlé vif à l’Extrême-Nord par les populations, sera décoré à titre posthume aux côtés de ses accompagnateurs.

La médaille sera sans doute brodée à son cercueil, lors d’une journée d’obsèques qui sera bientôt annoncée par l’État du Cameroun dans le cadre d’un hommage officiel. Frédéric Mounsi, journaliste et chargé de recherche au Centre de Recherches Géologiques et Minières de Garoua (CRGM), au Nord, recevra sa distinction honorifique, auprès de Bienvenue Bello, enseignant vacataire dans les universités de Garoua et Ngaoundéré (Adamaoua), et de Kabalay Oumarou, « guide et transporteur à moto ». Ces accompagnateurs, à Souledé-Roua (Extrême-Nord), avec lesquels il a été la cible de la vindicte populaire, le 5 mars 2025. C’est ce qui ressort d’une lettre du secrétaire général de la Grande chancellerie des ordres nationaux, adressée le 26 mars 2025 à la ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation.

D’après le document dont Médiatude a eu copie, Frédéric Mounsi et Bienvenue Bello ont été « retenus pour être décorés à titre posthume » dans les grades de « chevalier de l’ordre de la Valeur », tandis que leur transporteur, Kabalay Oumarou, verra une médaille de « chevalier de l’ordre du Mérite camerounais » brodée à son cercueil.

Dans le cadre de son doctorat en géologie à l’Université de Maroua, chef-lieu de l’Extrême-Nord, Frédéric Mounsi s’était rendu à Souledé-Roua, un village de la région. Il avait choisi cette zone comme terrain d’étude et s’y était rendu accompagné de Bienvenue Bello et de leur guide et transporteur à moto, Kabalay Oumarou. Mais les trois hommes avaient été brûlés vifs par les populations de la localité. Celles-ci, d’après les premiers témoignages, les avaient confondus avec des membres de Boko Haram, groupe terroriste très actif dans la région.

L’affaire a suscité une vague d’indignation chez l’opinion. Plusieurs personnalités, à l’instar du ministre de la Recherche scientifique, étaient montées au créneau pour exprimer leur « profonde consternation », condamnant une « tuerie barbare et cruelle ». La ministre Madeleine Tchuinte avait également demandé que la lumière soit faite sur cette affaire.

Par la suite, des suspects identifiés dans des vidéos amateurs ont été mis en détention à la compagnie de gendarmerie du Mayo-Tsanaga, dans l’Extrême-Nord. Les corps calcinés des trois hommes qui avaient déjà été enterrés à l’Extrême Nord, ont été exhumés le 14 mars 2025. Ils patienteront jusqu’à publication d’une date officielle pour leur enterrement.