« L’âge de Paul Biya et sa longévité à la tête de l’État ne sont pas le véritable problème », a estimé Jules Domche sur VoxAfrica

Dans l’émission VOXLIVE sur VoxAfrica, diffusée le vendredi 28 mars 2025, le journaliste et analyste politique s’est exprimé sur la potentielle candidature du « candidat naturel » du RDPC à la présidentielle d’octobre 2025.

À quelques mois du scrutin, la possible candidature de Paul Biya continue d’alimenter les débats. Lors du 40ᵉ anniversaire de son parti, le RDPC, ses militants ont appelé à sa participation. Toutefois, d’autres acteurs politiques estiment qu’il serait temps pour lui de se retirer, compte tenu de son âge avancé, 92 ans. Pour Jules Domche, l’argument de l’âge du président n’est pas le véritable sujet mais c’est la manière dont il est parvenu à se maintenir au sommet de l’État.

« Pour moi, l’âge n’est pas le problème central. Il est évident qu’à 92 ans, comme le disait Alassane Ouattara, vous n’avez plus la possibilité de faire ce que vous faisiez il y a 20 ou 30 ans. Évidemment, avec l’âge, on s’affaiblit. Mais si l’on peut démontrer que, malgré votre âge, la majorité de vos compatriotes a décidé de vous faire confiance, c’est un autre débat. On ne peut pas avancer l’âge comme étant un véritable problème, parce que, dans la Constitution camerounaise, il n’y a pas de limitation. La longévité non plus. Moi, je ne suis pas un adepte de la limitation des mandats, parce que c’est utilisé la plupart du temps comme un gadget. On a bien vu que, malgré l’existence de cette limitation, cela n’empêche pas des dirigeants comme M. Biya de réviser la Constitution à dessein et de se présenter ad vitam æternam… En Allemagne, on a vu Angela Merkel rester plusieurs années à la tête du pays », a-t-il déclaré.

L’analyste politique pense que le long règne de Paul Biya à la tête du Cameroun est principalement dû à des élections aux résultats « fabriqués ».

« Si j’étais convaincu que M. Biya a fait 43 ans à la tête du Cameroun du fait de la volonté des Camerounais, cela ne me poserait pas de problème. Le problème, c’est que les règles du jeu sont truquées, ce qui fait que les résultats des élections présidentielles et des autres scrutins ne reflètent pas la majorité. Ce sont des résultats fabriqués, et cela a été démontré : ce sont des faits. Figurez-vous que, lors de la dernière présidentielle en 2018, lorsque l’on additionnait les résultats publiés par le Conseil constitutionnel camerounais, on dépassait les 100 % — c’est vérifiable. Pendant cette même élection, le gouvernement camerounais a réussi à faire venir de faux observateurs qu’il a présentés comme des représentants de Transparency International. Ces faux observateurs ont apporté une forme de crédibilité à une élection qui n’en était pas une. Dans ces conditions, vous pouvez rester 100 ans au pouvoir, mais il est évident que ce n’est pas la volonté des Camerounais », a-t-il déclaré.