« Les gouverneurs du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, sont des retraités depuis. Vous croyez qu’ils ont intérêt à ce que la paix revienne ? », se demande Valère Bessala dans Equinoxe Soir

Sur le plateau de cette émission d’Equinoxe Tv le 7 novembre 2023, Valère Bessala, le guide du parti Jouvence, s’exprimant sur le massacre qui s’est produit tout récemment à Manfé, dans le Sud-Ouest, a donné les raisons, qui selon lui, empêcheraient la résolution de la crise anglophone, qui perdure depuis près d’une dizaine d’années.

Le Cameroun a connu il y a quelques jours, le massacre d’une vingtaine de personnes à Manfé, une localité située dans la région du Sud-Ouest, une des deux zones anglophones du pays en proie aux attaques de séparatistes depuis maintenant plus de sept ans. Si des carnages comme ceux-ci, perdurent encore dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, malgré les mesures prises par le gouvernement, à savoir le Grand dialogue national et la création d’un centre de désarmement, de démobilisation et de Réintégration (DDR), Valère Bessala, lui, croit savoir pourquoi, la crise persiste. Et pour lui, « les forces vives et les élites » de ces régions y sont pour quelque chose. 

Évoquant tout d’abord le Grand Dialogue national, convoqué en 2019 par le Premier ministre, sur hautes instructions du Chef de l’État, l’administrateur civil, a indiqué que les fameuses forces vives et élites du Nord-ouest et du Sud-Ouest, « sont opposées à l’application des résolutions de ce grand dialogue ». 

« Les élites qui sont opposées, beaucoup sont membres du gouvernement. Et originaires de ces deux régions [Nord-ouest et Sud-Ouest], a précisé le guide du parti Jouvence. Quand vous citez les succès du Nord, de l’Extrême-Nord, moi j’ai été dans la zone, j’ai combattu Boko Haram, j’étais une autorité administrative. Justement, les élites étaient en chorus et en union sacrée avec l’État et les autorités administratives, les forces de sécurité et de défense. C’est pour cela que vous parlez de réussite. Pourquoi donc, ça ne réussit pas aussi là-bas ? Parce qu’effectivement, les élites jouent un très mauvais jeu. Elles jouent contre le camp de la patrie. C’est ça le véritable souci. » 

Plus loin, Valère Bessala s’est aussi prononcé sur le DDR. Il a aussi affirmé que ce centre initié par le chef de l’État, pour désarmer démobiliser et réintégrer dans la société les insurgés, est aussi responsable de la persistance de la crise. 

« On a créé tout un comité, le DDR, machin… Combien d’enfants ils ont ramené dans cette affaire ? Il y a près de six mois ou sept mois, on a vu des enfants qui menaçaient de retourner dans les brousses, parce que mal entretenus, ils ne mangeaient pas, la ration… Tout ce que vous pouvez imaginer. Pourtant ce n’est pas le budget qui manquait, ce n’est pas l’argent qui manquait. Même ceux qui dirigent le DDR-là, c’est un ancien gouverneur. Ils ne vivent pas là-bas. Alors que, cette affaire est basée justement dans le Nord-Ouest, qui est en fait, l’épicentre de cette affaire-là. Ils ne vivent pas là-bas, ils vivent soit à Douala, soit à Yaoundé […] », a-t-il déclaré. 

Et de conclure que « si vous dites aujourd’hui que la guerre dans le Nord-Ouest, du moins, ce n’est pas une guerre, pour moi ce conflit-là est terminé et qu’on arrête tous ces petits enfants dans les brousses, le DDR va fermer. Vous pensez que ceux qui sont à la tête du DDR, ils ont intérêt à ce que ça ferme ? Parce que c’est des retraités qu’on a mis là-bas. Pour eux, c’est une occasion de prendre les sous de l’État. J’ai parlé des autorités administratives qui sont à la 10e année l’année prochaine. Tous les deux que ce soit le gouverneur du Nord-ouest ou du Sud-ouest, ils sont à la retraite depuis Mathusalem. Alors, vous croyez qu’ils ont intérêt à ce que la paix revienne et qu’on leur dise d’aller faire valoir leurs droits à la retraite ? Non. Il faudrait que ça continue ».