La sortie du ministre Atanga Nji continue de faire les choux gras dans le monde de la presse. Des patrons de presse incriminés par le ministre de l’administration territoriale prennent pour se défendre, le Conseil National de la Communication, CNC, comme témoin de leur professionnalisme, en évoquant des sanctions jamais infligées par le régulateur.
C’est le cas de Cyrille Bojiko ou encore Severin Tchounkeu. Ce dernier a estimé qu’il n’a jamais été sanctionné par le CNC. « Nous n’avons reçu à ce jour aucune condamnation du CNC. La seule fois où Equinoxe Tv a fait l’objet d’une observation du CNC était due au fait d’un représentant du RDPC et non du fait d’un journaliste d’Equinoxe. » A martelé le PDG de Equinoxe Tv le 9 mars en réponse au ministre. De son coté, le PDG de radio Balafon estimait que les dossiers de sa radio sont « propres au ministère de la communication et au CNC ».
Ont-ils raison sur le nombre de sanctions reçues ? Quels sont les bons et mauvais élèves du Conseil National de la Communication ? Médiatude a voulu en savoir plus.
La chaîne que dirige Jean Pierre Amougou Belinga bat le record pour le moment dans ce classement des radios et télés les plus frappées par le CNC, a pu constater Médiatude. Dans l’ensemble des communiqués rendus public par le conseil national de la communication depuis 2013 et que nous avons parcourus, nous avons relevé une dizaine de sanctions reçues par Vision 4 de 2013 à 2019.
Tout commence en novembre 2014. Parfait Ayissi est suspendu de toutes activités liées au journalisme pour une durée de 6 mois. Il est Suspendu pour, «faute consécutive d’atteinte à l’éthique et à la déontologie professionnelles en matière de la Communication sociale au Cameroun». De leurs côtés, Ernest Obama, Inès Belinga, et Roméo Mbida tous les trois en service à la chaîne privée Vision 4 sont également suspendus pour « faute consécutive d’atteinte à l’éthique et à la déontologie professionnelles en matière de la Communication sociale ». Les décisions de l’organe régulateur avaient été attaquées au Tribunal administratif par le Pdg Jean Pierre Amougou Belinga qui a eu gain de cause. Mais en Mars 2016 le CNC a remis ça. L’émission Sans tabou et son présentateur, Nathan Homère Amougou, sont suspendus pour 6 mois, « coupables d’avoir été permis à des invités de tenir des propos contre la religion musulmane, le Coran et la communauté musulmane nationale. »
Toujours en décembre 2016, la chaîne est suspendue pour une durée d’un mois. Dans le même groupe de presse, les journalistes Ernest Obama, Parfait Ayissi, Martial Owona et Francis Bonga, tous présentateurs de l’émission Tour d’horizon sur Vision 4 écopent d’un mois de suspension. « Des manquements à la déontologie et à l’éthique professionnelle » retenues contre ces journalistes ont été constatés suite aux plaintes déposées par Louis Paul Beh Mengue, le directeur général de l’Agence de régulation des télécommunications (Art) et le député du Rdpc Martin Oyono.
Un an après, soit en décembre 2017. La chaine se fait remarquer dans l’affaire de l’homme politique Vincent-Sosthène Fouda. Le concerné saisit le CNC, suite à « la diffusion et le commentaire d’images compromettantes ». L’instance de régulation des médias avait décidé de prendre des décisions qui s’imposent. Après l’analyse des termes utilisés dans le reportage du 15 novembre2017 produit par Sidonie Leukoué Monkam, le Cnc avait suspendu la journaliste de l’exercice de sa profession pendant deux mois. Il en est de même du directeur de publication Jean Pierre Amougou Belinga et du directeur de Vision 4 de l’époque, Ernest Obama.
En novembre 2018 suite à la diffusion des propos jugés « incitants à la haine tribale et à la violence » au cours de l’émission Club élites, présentée le 04 novembre 2018 sur Vision4 par Ernest Obama, journaliste de la même chaîne, le Cnc a décidé de suspendre pour une durée d’un mois ce dernier de l’exercice de la profession de journaliste au Cameroun.
En décembre 2018 la main du CNC sera une nouvelle fois lourde. Parfait Ayissi Etoa est interdit de l’exercice de la profession de journaliste pendant un mois. Le même texte s’applique à l’émission dénommée Tour d’horizon diffusée sur Vision 4. En cause, des propos « offensants établis à l’encontre d’un collectif d’avocats » qui a saisi la Cnc. Un an après en novembre 2019, la chaîne de télévision écope d’une sanction d’un mois. Cette décision fait suite à la diffusion le 27 octobre 2018, « d’une déclaration non fondée en annonçant le décès du président de la République du Gabon. » explique le CNC.
La chaine émettant sur les 103.3 fm à Yaoundé a reçu 4 sanctions du CNC depuis 2013 selon les données récoltées. En mars 2013, le conseil se prononçant « sur les atteintes à l’éthique et à la déontologie professionnelle » perpétrées dans le programme quotidien diffusé par Amplitude FM, la Voix des sans Voix, prononce l’interdiction définitive de cette émission et la suspension temporaire de toute intervention de son présentateur
Le 21 septembres 2017 dans une affaire opposant la chaîne à Samuel Eto’o Fils, Amplitude est suspendue pour une durée de trois mois y compris la diffusion de I ‘Emission Embouteillage ainsi que son présentateur, Martinez Zogo, de l’exercice de la profession de journaliste au Cameroun.
Cette année 2017 a été particulièrement difficile pour Amplitude. Toujours le 21 septembre 2017, dans une affaire l’opposant à Alphonse Ateba Noah, promoteur du Cabinet INTER’ACTIV CONSULTING, l’émission Investigation sociale est suspendue pour 3 mois, ainsi que son présentateur, le nommé Dominique TITA, de l’exercice de la profession de journaliste au Cameroun. Dans une autre affaire cette même année, Dominique TITA reçoit une autre suspension de 1 mois ainsi que son émission investigation.
En août 2014, plus lourde est la peine infligée à la station Royal FM. Les présentateurs des émissions Royal Hits, l’intégrale, Caravane Royal, Mission Royal, sont suspendus, individuellement, pour une durée de trois mois de l’exercice de la profession de journaliste au Cameroun. Motif invoqué par le régulateur des médias : « Atteinte répétée à l’éthique et à la déontologie professionnelle en matière de communication sociale ». La station de radio, sera suspendue elle aussi, pendant un mois.
En juin 2015 Royal Fm et son journaliste Martin Marcellin Ateba, présentateur de l’émission Le débat républicain, sont suspendus pour une période trois (03) mois. Un an après soit en Décembre 2016 : Dominique Tita le présentateur de l’émission Grande cour diffusée sur cette radio s’en sort avec un mois de suspension. La même sanction a été infligée à Jean De dieu Ayissi.
En mars 2013, le Conseil interdit la diffusion de l’émission Surface de vérité, diffusée sur Sky One. Son présentateur est suspendu. En Septembre 2013, radio SKY One est interdite d’émission pour une période d’un mois. La radio sera une nouvelle fois frappée en aout 2014 : Le régulateur des médias suspend le journaliste Lazare Zambo, exerçant pour la station Sky One radio, pendant deux mois de l’exercice de la profession de journaliste pour « manquement constitutif d’atteinte à l’éthique et à la déontologie professionnelle en matière de communication sociale»
La chaine verte a elle aussi été témoin de la main lourde du CNC. En 6 ans, elle a été victime de 2 sanctions. La première date de mars 2013 : « se fondant sur les dérives constantes observées » dans la diffusion par Canal 2 International de l’émission intitulée Canal détective qui a montré en date du 27 mars 2013 de larges extraits des corps mutilés ou en décomposition, des images violentes et indécentes, le CNC prononce l’interdiction définitive de Canal Détective et une suspension de 3 mois pour M. Ruben Malick présentateur de l’émission.
Décembre 2018, dans une décision du CNC, la sanction la plus lourde est celle de la journaliste Mireille Flore Maneh, de Canal2 International. Celle-ci écope de six mois de sanction, car Auteure d’un reportage diffusé dans l’édition du journal de 20h du 06 octobre 2018, présentant « sans preuve le nommé Pepouo Godefroy, réparateur de vélo, comme pédophile. »
Youth Fm quant à elle fait partie des premières victimes du CNC. En mars 2013, le Conseil, se prononçant sur « les atteintes à l’éthique et à la déontologie professionnelle » perpétrées dans le programme Déballage diffusé sur Youth FM, prononce son interdiction définitive et la suspension temporaire de toute intervention dans les médias de son présentateur. Septembre 2013, Youth FM est interdite d’émission pour une période d’un Mois
De son coté, LTM a également été frappée à deux reprises par le conseil. En mars 2013, le Conseil se fondant sur « les dérives constantes observées » dans la diffusion de l’émission IPP News, qui a notamment montré en date du 21 mars 2013 de larges extraits des corps mutilés ou en décomposition, des « images violentes et indécentes », prononce l’interdiction définitive de l’émission sus-référée et la suspension temporaire de toute intervention dans les médias de son présentateur pendant 6 mois. En juin 2015 le CNC remet ça: L’émission Town Cryer et son présentateur sont suspendus pour 3 mois.
Ces 2 médias ont été sanctionnés une fois par le conseil
En septembre 2013, à Radio Satellite Fm l’un de ses animateurs, Ronald Peguy Meyong est suspendu pour une durée de 3 mois et son programme « Au cœur de la cité » suspendu définitivement.
En décembre 2016 , pour la première fois depuis la création du Cnc un journaliste de la Crtv figure parmi les professionnels suspendus. Irène Ndjana Fouda, reporter à la Crtv, écope d’un mois de suspension. La Crtv comme personne morale écope d’un avertissement. On reproche à la journaliste en question d’avoir montré les images d’une jeune fille de cinq ans dans un reportage sur l’obésité.
Parmi les bons élèves figurent en bonne place les médias comme Radio Balafon, Equinoxe TV et STV. Cités par le ministre Paul Atanga Nj, ils n’ont cependant jamais reçu de sanctions de la part du conseil national de la communication d’après les données recensées par Médiatude.
Equinoxe TV s’en sort tout de même avec 3 avertissements depuis 2013, contrairement aux déclarations de Sévérin Tchounkeu au JT du 09 mars. Il affirmait : « La seule fois où Equinoxe Tv a fait l’objet d’une observation du CNC, était due au fait d’un représentant du RDPC et non du fait d’un journaliste d’Equinoxe ». D’après nos résultats, on peut noter qu’en novembre 2014, la télévision privée Equinoxe TV, a reçu un avertissement pour « diffusion d’images choquantes » dans l’émission regard social. En Janvier 2017 le CNC émet des menaces contre le quotidien « Le Messager », « Cameroon Post », « The Guardian Post », « The Times Journal », Canal 2, STV et Équinoxe TV. Le régulateur dénonce le fait d’offrir « leurs espaces à la diffusion d’informations et de propos séditieux ». « Ces médias sont sous le coup d’une suspension temporaire et même de l’interdiction définitive », avait prévenu le Cnc.
Plus récemment encore le CNC envoie des avertissements à Equinoxe Tv : c’était en juillet 2019. Il dénonçait des propos « incitant à la haine diffusés le 13 mai 2019 dans le cadre de l’émission Equinoxe Soir ».
Dans cette liste des radios et télés citées par Paul Atanga Nji, radio Balafon est le média n’ayant jamais été frappé ou menacé par le conseil, ce qui vient confirmer la sortie de Cyrille Bojiko à Journal du Cameroun le 10 mars. Le PDG de Radio Balafon estimait que les dossiers de sa radio sont « propres au ministère de la communication et au CNC ».
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