« Lorsque les avocats suspendent le port de la robe, les conséquences peuvent être irréversibles », a présagé Achille Leudjo sur Equinoxe Tv

Dans l’émission EQUINOXE SOIR du 6 mars 2025, l’avocat s’est exprimé sur la grève de trois jours annoncé par sa corporation, pour dénoncer les violences policières dont ils sont victimes. Il a indiqué que ce mouvement entraînera plusieurs « conséquences irréversibles ».
L’élément déclencheur de la grève annoncée par les avocats le 4 mars 2025, est une vidéo qui est virale depuis le 1ᵉʳ mars 2025. L’on y aperçoit un agent de police agressant un avocat. En réaction à l’image, l’Ordre des avocats a décidé de la « suspension du port de la robe et de la non-fréquentation des cours et tribunaux » en guise de protestation. Pour Achille Leudjo, les abus dont sont victimes les avocats sont inacceptables.
« La grève des avocats, c’est une façon pour le Conseil de l’Ordre de dire: Nous en avons assez ! Nous ne sommes quand même pas des tam-tams, nous sommes un corps de métier noble. Lorsque vous apprenez les rudiments du métier d’avocat, quand vous êtes stagiaire, on vous dit que cette corporation, ce n’est pas pour le premier venu, c’est un corps d’élite, de nobles. C’est pour cela que même l’accoutrement s’enseigne. Vous voyez donc, celui qui est censé vous défendre, prendre les devants lorsque vous êtes désemparé, lui-même est tabassé sous vos yeux. Vous perdez du respect, la corporation en prend un coup. La dignité de l’avocat qui se fait rouer de coups est où ? », a demandé l’homme de droit.
Il pense également que la grève va entraîner plusieurs « conséquences irréversibles ».
« Lorsque l’on suspend le port de la robe pour trois jours, laissez-moi vous dire, les conséquences peuvent être irréversibles pour certains dossiers. Il y a des dossiers qui avaient peut-être été renvoyés fermes. Et je vais vous dire, certains magistrats boivent du petit lait, ils vont mettre certains dossiers en délibéré en cascade […]. Cet acte est très fort, il participe à un dysfonctionnement de la justice, parce que vous ne pouvez pas rendre justice sans ce maillon essentiel qu’est l’avocat […]. Le juge ne peut pas instruire votre dossier si vous n’êtes pas accompagné d’un avocat et quand vous n’en avez pas, on vous en commet un d’office et c’est le Trésor public qui paie. Imaginez toutes les affaires criminelles de ce jour, de demain ou d’après-demain, elles seront automatiquement renvoyées, l’avocat n’étant pas puisqu’il est en grève », a-t-il expliqué.
Il a ensuite insisté sur le fait que l’avocat au Cameroun doit être respecté.
« L’avocat, on ne le touche pas n’importe comment. Dans un pays sérieux, vous ne pouvez pas lui parler n’importe comment. L’avocat, c’est la défense lorsque vous êtes désemparé. Même le président de la République, lorsqu’il a des problèmes, a pour dernier recours les avocats […]. Lorsque vous piétinez l’avocat, connaissez-vous les conséquences que cela aura sur la mentalité du public ? » s’est-il interrogé.