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« Un jour j’ai eu un problème de 2000 FCFA, avec mon père. Même multimilliardaire, Il utilisait le ‘Tchoronko’ », s’est rappelé le fils de Ndongo Essomba dans Politude, sur la CRTV-RADIO
Au cours de l’émission Politude réalisée ce 22 avril 2023 en hommage à Jean Bernard Ndongo Essomba, le feu président du groupement parlementaire du Rdpc, l’un de ses fils est revenu sur ses relations avec lui. Il a aussi raconté quelques anecdotes sur le « Roi du cacao ».
À l’occasion des obsèques officielles de Jean Bernard Essomba, président du groupe parlementaire du Rdpc, qui se sont déroulées ce 22 avril 2023, Politude a donné la parole à des personnes qui l’ont côtoyées, jusqu’à sa mort, notamment son fils Auguste Essomba, qui était entre autres, son secrétaire particulier, son confident, son bras droit mais aussi son souffre-douleur.
« C’était un patron très strict, très rigoureux ! »
Même si le président du Conseil d’administration de l’hôpital général de Yaoundé, s’est souvenu de d’un « père aimant, protecteur, qui prodiguait des conseils et qui aimait tellement ses enfants », il a tout de même admis qu’il était « extrêmement rigoureux », et perfectionniste du temps où il était le chef de son cabinet.
« Il n’admettait pas la moindre erreur. C’était un patron très strict, très rigoureux, très exigent, sur la qualité du travail. sur le rendu, sur l’efficacité et surtout l’efficience même de ses collaborateurs. Moi qui coordonnais les activités de son cabinet, j’en ai de nombreuses fois pris pour mon grade », a témoigné Auguste Essomba.
« C’était un très gros travailleur. Pour la petite histoire, il travaillait 20h/24. Et pouvait vous appeler à 2H du matin. Pour lui, toute heure était utile pour travailler. », a-t-il poursuivi.
« Lorsqu’on a une grande responsabilité nationale, il faut la gérer avec un regard globalisant »
En tant que son maître politique, Auguste Essomba dit avoir « beaucoup appris » auprès de son père, au point où il en a même profité pour donner « quelques petites recettes » du parlementaire.
« Il m’a appris que chaque fois qu’on va demander quatre personnes, ou quatre représentants de la Nation, je divise le Cameroun en quatre, que je tienne compte de quatre grands blocs : le Grand Nord, le Grand Centre-Sud-Est, le Grand Ouest et le Grand Littoral. Je devais diviser le Cameroun en quatre et choisir un représentant de chaque bloc […]. Ça m’a permis de bien comprendre que lorsqu’on a »une grande responsabilité nationale », comme lui-même aimait à le dire, il faut la gérer avec un regard globalisant, qui tient compte des quatre coins de la République. », a-t-il confié.
« Il arrivait qu’on se retrouve avec 100 voire 150 personnes qui sollicitaient son aide »
À la question de savoir s’il « versait dans les intrigues et guerres de positionnement », en tant que député du part au pouvoir, Auguste Essomba, a déclaré que « parler même d’intrigues en évoquant son nom est suffisamment grave ».
Il a aussi rapporté que son paternel « a beaucoup fait dans l’éducation » et des actes de charité.
« Il avait construit un complexe scolaire de la maternelle au Lycée qu’il avait confié à l’État. Aujourd’hui, le lycée Essomba Awono Auguste, a été construit de sa poche. Il se trouve à Ekekam, dans l’arrondissement de Sa’a. J’ajouterai que dans chaque établissement scolaire, secondaire de la lékié, il a construit deux salles de classe au moins. Je me rappelle, lorsque nous étions très jeunes, en début des années 90.. je puis vous dire que chaque année, il donnait à l’association des Etudiants de la Lékié minimum un million de Fcfa, qui correspondait à 20 bourses universitaires de 50.000 par étudiant…et à d’autres associations, il donnait chaque année, de manière systématique. Je ne compte pas les interventions à l’égard des individus qui le sollicitaient. Il arrivait des matinées ou on se retrouvait avec 100 voire 150 personnes qui le sollicitaient… », a-t-il témoigné.
Ayant affirmé que son père « était aussi un homme d’une discrétion implacable », Auguste Essomba, a affirmé en plus que son géniteur était une personnalité « humble ».
« Au niveau des nouvelles technologies, il n’était pas très attaché. Je puis vous dire que jusqu’à sa mort, son téléphone ne dépassait jamais un certain montant. C’est le genre qu’on appelle vulgairement le »Tchoronko ». Il l’utilisait sans ambages. Et malgré tous les moyens qu’il avaient,… tu le voyais parfois dans une Toyota Carina, une Avensis des années 90 en 2020. Il ne s’embarrassait pas de ces choses-là… c’était un homme d’une humilité extraordinaire ».
« J’ai eu problème de 2000 FCFA avec lui »
En outre, Auguste Essomba, qui n’a eu de cesse de réitérer que son père multimilliardaire et roi du Cacao était un homme « extrêmement rigoureux », a laissé entendre que la vie n’était pas rose pour lui, comme certains le pensent.
« J’ai souffert comme tout le monde bien sûr. C’est quelqu’un qui aimait bien que l’on développe le culte de l’effort. Il était très attaché à cela. Et il était très exigent sur les résultats scolaires et universitaires. », a-t-il soupiré, se souvenant d’anecdotes où il en a en bavé.
« Je me rappelle, une fois, il nous avait envoyé a la pharmacie mon frère et moi. Quand nous sommes revenus, je crois que la facture se terminait par 85 FCFA. Il a lu la facture et il a demandé, l’argent qui est resté. Il manquait 15 FCFA… Et il a insisté », a-t-il raconté.
« J’ai eu problème de 2000 FCFA avec lui, parce qu’il m’avait envoyé quatre millions pour lui payer un billet d’avion à Air France. C’était au début des années 2000, et lui était déjà informé du prix. On lui avait dit trois millions quelque chose. […]. Je suis allé négocier le billet d’avion plutôt à 2,7 millions, au lieu de 3,8 millions. J’étais content de lui avoir permis de réaliser des économies. Mais à ma grande surprise, à 1H du matin [….] Il m’a demandé si le taxi coutait déjà 2000 FCFA à Yaoundé. Il s’est faché jusqu’à m’exiger de lui remettre ses 2000 FCFA ».
« Et une dernière anecdote comme ça, je le dis. Il m’avait donné 16 millions de FCFA, pour gérer la tournée parlementaire. Et je lui faisais le point, chaque soir. Un soir, j’avais fait mes comptes, je lui ai dit que j’ai perdu 10.000 FCFA, je ne sais ce que j’ai fait avec, donc je ne me retrouve pas. De manière désinvolte, il me dit : ‘vas dans la chambre, prends le sac et apporte ça ici’. Il a pris le sac, il l’a ouvert, et il me dit : ‘lit ici: arachide, péage de Nkometou 50 FCFA’. Il se retourne vers moi, et il me dit : ‘moi qui travaille tout l’argent que vous utilisez, chaque fois que je sors 5FCFA de ma poche, j’écris, et tu oses me dire que tu ne sais pas ce que tu as fait de 10.000FCFA ?’ . Voilà le père qu’il était », a-t-il ajouté.
Et de conclure : « Une fois j’ai pris une gifle comme ça. Parce qu’un de ces collègues qui lui devait de l’argent me l’avait remis. Je l’ai pris et je l’ai mis directement dans ma poche sans le compter. Et il voyait la scène de son bureau. Quand je suis arrivé vers lui, il m’a demandé combien c’était, et moi je n’ai pas pu lui dire, vu que je n’ai pas compté. Il me demande : ‘mais s’il manque un billet dans cette liasse d’argent, tu vas faire comment pour me le rembourser ? ». Il était furax contre moi, simplement parce que je n’avais pas compté l’argent et désormais quand on me donne de l’argent, je le compte d’abord. »