Affaire Martinez Zogo : Ce qu’il faut retenir de l’audience du 19 août 2024
Après environ sept heures d’échanges au Tribunal militaire de Yaoundé le mardi 19 août, plusieurs décisions cruciales ont été rendues pour la suite de l’affaire, notamment concernant la place que l’État du Cameroun occupe désormais dans ce procès.
Martinez Zogo, le chef de chaîne de la radio Amplitude FM, avait été enlevé et assassiné en janvier 2023. Un crime qui a secoué la nation et soulevé des questions sur l’implication des agents de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), inculpés dans cette affaire.
Ce 19 août, le tribunal a confirmé que l’État du Cameroun est civilement responsable des actes commis par ses agents dans le cadre de cette affaire. Cette décision exclut la DGRE du statut de partie civile, ce qui aurait pu suggérer qu’elle se présentait en tant que victime dans ce procès.
Cette clarification a été accueillie avec satisfaction par plusieurs avocats, notamment Jacques Mbuny, défenseur de l’ancien chef des opérations de la DGRE, Justin Danwe, accusé pour « complicité d’assassinat » . « C’est une petite victoire. le dossier est renvoyé pour l’ouverture des débats. On va enfin dire à chaque accusé, ce qu’on lui reproche, ensuite on pourra entendre les témoins et examiner les pièces de ce dossier », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il était essentiel de ne pas confondre les rôles dans cette affaire. Pour lui, la DGRE ne peut pas à la fois se considérer comme une victime et être tenue responsable des actes commis par ses agents.
L’audience a également été marquée par des débats sur la possibilité de suspendre le procès en attendant une décision de la Cour suprême, suite à une requête pour obtenir des copies du dossier. Le tribunal a rejeté cette demande, permettant ainsi la poursuite des débats.
Charles Tchoungang, chef de file des avocats de Jean-Pierre Amougou Belinga, le patron du groupe média L’Anecdote inculpé dans cette affaire, a exprimé sa satisfaction quant à l’évolution du procès, même s’il n’y a pas eu de « révélations surprenantes » comme il l’avait annoncé au sortir de l’audience précédente. « Nous avons réussi à engager les débats sur les questions essentielles », a-t-il affirmé, soulignant que le tribunal a permis à chaque partie de s’exprimer pleinement.
Le procès a été ajourné au 9 septembre 2024, où les avocats de l’État du Cameroun seront désormais assis aux côtés de ceux de la défense, marquant ainsi un changement dans la configuration de la salle. L’ouverture effective des débats est également attendue ce jour.