Jules Domche : « le Sahel est devenu comme par magie le cœur du terrorisme mondial »
Dans une chronique diffusée sur Voxafrica le 2 octobre 2024, le journaliste et analyste politique a livré un regard incisif sur la récente réunion ministérielle de la coalition mondiale contre le Daech et les déclarations de Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères du Togo. Jules Domche a dénoncé sans détour l’hypocrisie et la duplicité des puissances occidentales dans la lutte mondiale contre le terrorisme.
Selon Jules Domche, « la scène internationale est une jungle où le langage prédominant est celui du rapport de force », rappelant que les concepts tels que l’universalisme et la mondialisation sont souvent des « serpents de mer », des idées propagées par les Occidentaux pour endormir le reste de la planète. Pour lui, ces notions visent à maintenir une posture de domination, surtout vis-à-vis des pays africains. Il appelle les nations du continent à ne plus se contenter d’être des figurants dans les relations internationales.
Rebondissant sur la réunion ministérielle contre le Daech, Jules Domche a mis en lumière l’incohérence d’une rencontre organisée par les « gendarmes du monde », sans inclure les principaux concernés qui sont les États du Sahel, victimes directes du terrorisme. « Comment venir à bout du terrorisme si certains acteurs continuent de faire preuve de duplicité, de manipulation et même de condescendance dans la recherche des solutions à un problème qui, en principe, nous concerne tous ? Le dernier épisode en date mettant en exergue les incohérences vient d’avoir lieu à Washington. Comme à leur habitude, ceux qui se sont autoproclamés, les gendarmes du monde, ont eu la brillante idée de réunir un certain nombre d’acteurs pour trouver comment vaincre Daesh, sans y associer les premiers concernés », a-t-il martelé, soulignant la nécessité d’inclure les pays touchés, tels que le Mali, le Niger et le Burkina Faso, dans la recherche de solutions efficaces.
Jules Domche n’a pas manqué de saluer l’intervention courageuse du ministre togolais Robert Dussey, qui a dénoncé cette omission à Washington, déclarant : « Nous ne pouvons pas réussir cette lutte sans ces pays. ». Pour le directeur général de Voxafrica, cette prise de position démontre que certains Africains ne sont plus disposés à se laisser « marcher dessus » dans les instances internationales.
L’analyste va plus loin, évoquant l’échec des interventions militaires et autres initiatives occidentales au Sahel. « C’est à cause de ces approches biaisées à la base que malgré Barkhane, G5 Sahel, Minusma, Takuba j’en passe, pendant plus de dix ans, le terrorisme au lieu de reculer en Afrique et principalement au Sahel s’est plutôt développé. Sans qu’on ne comprenne véritablement comment ni pourquoi, le Sahel est devenu comme par magie le cœur du terrorisme mondial. Tout ceci du fait de la duplicité de certains acteurs de la scène internationale et de l’incrédulité de certains dirigeants africains », a-t-il dénoncé.
Jules Domche conclut sur une note de défi pour les Africains : « À nous autres Africains de ne plus nous laisser endormir, en croyant que les autres sont des bons Samaritains qui viendront nous aider à régler nos problèmes. » Il appelle à un renforcement du leadership africain, à une autonomie dans la gestion des crises, et à une lutte sans complaisance contre toute forme de néocolonialisme.