Qui est Frédéric Mounsi, le journaliste et chercheur, brûlé vif par les populations à l’Extrême-Nord ?

Parmi les trois hommes tués par les populations de Souledé-Roua, dans l’Extrême-Nord, figurait Frédéric Mounsi, chercheur et journaliste. Médiatude vous propose de revisiter le parcours journalistique et scientifique de cet employé du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (Minresi).
Aux côtés de deux autres hommes, Frédéric Mounsi a été victime de la vindicte populaire à Souledé-Roua, le 5 mars 2025. Selon les premiers témoignages, les trois hommes ont été confondus avec des membres de Boko Haram, groupe terroriste actif dans la région.
D’après les dernières informations, le sous-préfet de l’arrondissement a exigé que les corps soient récupérés par leurs familles respectives, sous peine d’être enterrés dans une « fosse commune ».
Qui était Frédéric Mounsi ?
Avant cette fin tragique, Frédéric Mounsi menait une double carrière dans le journalisme et la recherche scientifique.
Sur le plan médiatique, il avait collaboré avec plusieurs organes de presse locale, même après son recrutement au Ministère de la Recherche scientifique en 2019, selon des informations recueillies par Médiatude. Son intérêt pour le journalisme remontait à son entrée à l’Université de Ngaoundéré en 2013.
C’est au sein du Club Journal de l’université, couramment appelé « Club Communication », qu’il fait ses premiers pas dans le domaine. « C’est là que tout a commencé pour lui », confie à Médiatude son ami Ibrahim Yiche, homme politique et directeur de publication du journal La Voix des Jeunes.
En 2014, il rejoint la radio Campus de l’Université de Ngaoundéré, « où il exerce jusqu’à l’obtention de son Master 2 entre 2018 et 2019 ». C’est durant cette période qu’il intègre également le Ministère de la Recherche scientifique. Pour autant, il ne renonce pas au journalisme. En parallèle de ses activités au Minrési, il continue de collaborer avec La Voix des Jeunes. Arrivé en 2020, il est promu rédacteur en chef l’année suivante. Il occupe ce poste pendant deux ans avant de devoir l’abandonner parce que rattrapé par ses responsabilités au Minrési.
En 2022, il est affecté à Garoua, dans le Nord. Mais son attachement au journalisme ne s’efface pas pour autant. Entre ses travaux de recherche, il s’implique activement dans la presse catholique locale. « Il était un pilier pour les prêtres du clergé, les accompagnant dans toutes leurs descentes et assurant leur communication », se souvient Ibrahim Yiche.
« Mounsi avait pour ambition de résoudre la problématique de l’eau à l’Extrême-Nord »
Sur le plan scientifique, Frédéric Mounsi était attaché de recherche à l’Institut de Recherches Géologiques et Minières (IRGM), un établissement public sous tutelle du Minresi. Il y travaillait depuis son intégration en 2019. Après trois ans dans cette fonction, il est promu chargé de recherche.
En outre, il poursuivait un doctorat en géologie à l’Université de Maroua. Sa présence à Souledé-Roua était liée à ses travaux de recherche, indiquent ses collègues à Médiatude. Il avait choisi cette zone comme terrain d’étude pour sa thèse. Âgé de 33 ans, il ambitionnait « de résoudre la problématique de l’eau à l’Extrême-Nord ».
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