« Kamto doit être protégé », a estimé Charly Gabriel Mbock sur Équinoxe TV

Invité de l’émission LA VÉRITÉ EN FACE le dimanche 16 février 2025, l’anthropologue et homme politique a livré une analyse critique du système politique camerounais, tout en exprimant ses inquiétudes pour la prochaine élection présidentielle. D’après lui, « les partis politiques qui émanent de la nation, pas de l’État, sont persécutés par l’État à tous les niveaux ».
Interrogé sur l’actualité autour des partis de l’opposition dont le MRC, le PCRN et l’UPC, Charly Gabriel Mbock a indiqué que l’État camerounais, tel qu’il a été conçu, n’a pas pour vocation d’accompagner l’émergence d’une nation, mais plutôt de la freiner. Il estime ainsi que les partis politiques qui parviennent à se faire entendre sont systématiquement « persécutés par l’administration ».
« Un État est mis en place et le rôle qui est assigné à cet État, c’est d’empêcher l’éclosion de la nation. Voilà pourquoi les partis politiques qui émanent de la nation, pas de l’État, sont persécutés par l’État à tous les niveaux, bon an, mal an. Et c’est pour cela que la plupart des partis politiques qui se font visibles sont persécutés par l’administration parce que le vide politique doit perdurer. L’État, mis en place par la coloniale, ne travaille qu’à l’empêchement de l’éclosion de la nation camerounaise. Voilà pourquoi ce schéma se poursuit », a-t-il affirmé.
Le cas du MRC et de Maurice Kamto
Charly Gabriel Mbock a illustré son propos en évoquant le cas du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) et de son leader Maurice Kamto : « Faites le décompte. Regardez les partis politiques. Quand c’est le MRC, on veut décapiter (…) Lorsque le CPP veut mobiliser, on veut perturber. Lorsque le PCRN s’anime, il faut…Voyez-vous, c’est l’actualité. Une fois, chez l’un de vos confrères, devant ce qui me semblait être un rituel de sacrifice, je me suis dit : mais enfin, quand vous voulez sacrifier une chèvre, il faut au moins que la chèvre soit présente. Tout le monde avait sorti son couteau pour liquider Maurice Kamto. J’ai été très surpris et un peu bouleversé ». Il affirme avoir appelé à la protection de l’opposant politique : « J’ai dit, mais enfin, Kamto doit être protégé. Les gens n’ont pas retenu ça. Protégé ».
Inquiétudes pour la présidentielle
Interrogé sur l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, le Pr. Mbock a exprimé ses craintes face à un processus électoral qu’il juge biaisé. « Inquiétude ne dit pas assez le sentiment de frayeur qui anime la plupart des Camerounais. Parce que le jeu n’a pas de règles. Toutes les règles qui tentaient de se mettre en place ont été faussées. Les bornes ont été déplacées, arrachées… Lorsque même l’État, qui s’est donné les moyens de légiférer, viole ses propres lois, il y a un souci sérieux. Ce n’est plus de la simple inquiétude parce que nous ne savons pas. Les gens se plaignent des routes. Il n’y a pas de route. Comment voulez-vous qu’il y ait des routes quand personne ne sait où on va ? Les routes conduisent quelque part. Il n’y a pas de route parce qu’il n’y a pas de destination pour les Camerounais », a-t-il déploré.
Selon lui, il y a une continuité du contrôle administratif sur les processus électoraux, empêchant ainsi une véritable démocratie au Cameroun.