Sismondi Barlev Bidjocka : « J’ai été déshabillé devant mes enfants, devant le ministre Sadi »
Le journaliste qui a été arrêté lundi 3 Août en fin d’après-midi midi à Yaoundé raconte comment il a été conduit dans les locaux de la Délégation Générale à la sûreté nationale pour être auditionné suite à ses déclarations sur la gestion du COVID 19 par le gouvernement, avant d’être relâché, a appris Médiatude
Patron de RIS Radio à Yaoundé, Sismondi a été auditionné pendant plusieurs heures à la DGSN suite à ses affirmations sur des ministres qui ont « déchargé de l’argent destiné aux fonds COVID mais qui sont restés muets ». Le journaliste s’est principalement attaqué au Ministre de la communication Réné Emmanuel Sadi.
Relâché autour de 22h après s’être expliqué, le journaliste est revenu dans une tribune, sur les circonstances de son arrestation. « Hier ( 03 Août j’ai rédigé un éditorial portant sur la gestion de COVID-19 qui fait des vagues en ce moment. Jusque-là, nous étions tous convaincu que le seul responsable c’est le ministre de la santé. Je l’ai moi aussi cru à un moment. Tombé sur des nouvelles informations, il était normal que je fasse toujours mon travail, à savoir, informer l’opinion nationale qui se pose des questions. » raconte-t-il dans une tribune diffusée ses antennes ce 4 août.
« …le directeur de l’observatoire des médias Charles Atangana Manda m’appelle avec insistance pour me dire que le Ministre Sadi veut me voir à tout prix. Il est si insistant que j’accepte, compte tenu des bonnes relations que nous avons. Une fois au Ministère je me rends au cabinet du ministre, où se trouvent déjà installés, le DAG, le commissaire de police Meva et un inspecteur principal. Le ministre prend la parole, fait son speech, rappelant que depuis des siècles où il est au gouvernement son nom n’a jamais été cité dans une affaire d’argent mal géré. Il veut savoir comment j’en suis venu à écrire sans le consulter. Ce à quoi je réponds qu’il a tort, non seulement j’ai essayé de le consulter, mais j’ai aussi contacté un personnage qui lui est proche et à qui il m’avais dit pouvoir contacter rapidement en cas de besoin. Au bout d’une centaine d’essais je parviens à le joindre et il me promet une réponde qui n’est jamais venu. Plus tard, il va m’expliquer qu’il n’aime pas être porteur de ce genre de nouvelle parce la susceptibilité de certains membres du gouvernement est tel qu’ils peuvent accuser le messager d’être l’auteur de leur problème. » Poursuit-il.
« Je lui fais comprendre que je m’interdis de parler de certaines choses devant tout le monde, que si le DAG continue je rentre chez moi parce que j’ai deux petits enfants au secrétariat. J’avais à peine bougé le pied que les deux gorilles ont bondit sur moi, les deux me tirant par le pantalon et me déshabillant devant mes enfants, devant le ministre SADI, silencieux dans son canapé. De toute évidence c’était un scénario prévu, j’avais vu juste. Ils me trainent à la DGSN, où ils essayent de me faire dire que c’est Malaouda qui m’a donné les informations. Peu importe qui m’a donné, c’est vrai ou faux ? il répond faux. Ce à quoi je demande de me laisser aller vers ma source pour leur apporter les dernières informations que j’aurai dû déjà avoir de ma source s’ils ne m’avaient pas enlevé et séquestré avec deux petits enfants d’un an et demi et trois ans DONT L’UN GRAVEMENT MALADE dans les sinistres bureaux de la DGSN de 17h à 22h00. Cinq heures. C’est pire qu’un crime contre l’humanité. » raconte-t-il.
Sismondi dit n’avoir pas peur des intimidations. « Je répète peu importe ce que chacun a eu dans ces fonds de solidarité, nous allons le savoir, et le dire. Le temps de l’intimidation à deux balles est passé, terminé ; nous sommes, désormais en république, et ceux qui sont assez vieux pour ne pas s’adapter n’ont qu’à quitter le train, parce que ce pays doit avancer avec ou sans vous. »