Au Burkina Faso, BF1 TV s’excuse après avoir qualifié la chaîne publique de « propagandiste »

La télévision privée l’a fait par voie de communiqué, le 26 mars 2025. Le reportage en question a également causé l’interpellation de son auteur et de deux autres journalistes.
À la surprise générale, BF1, une télévision privée, a fait son mea culpa ce 26 mars 2025, à la suite de la diffusion, il y a quelques jours, d’un reportage relayant les propos de membres de l’Association des Journalistes burkinabè (AJB) contre la Radiodiffusion Télévision du Burkina Faso (RTB) et l’Agence d’information du Burkina (AIB). Dans la production, des responsables de l’association qualifient ces organismes d’État de « propagandistes ». La chaîne privée a reconnu son « tort ».
« Nous regrettons profondément l’impact négatif que les propos relayés ont pu avoir sur l’image de la RTB et de l’AIB, ainsi que sur les relations de confraternité que nous entretenons avec ces institutions », a écrit la direction de la télévision dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.
Par ailleurs, BF1 TV a assuré avoir pris des mesures « dans un souci de transparence et de respect ». Parmi lesquelles : « l’envoi de lettres d’excuses officielles aux directeurs généraux de la RTB et de l’AIB » et « la suppression du reportage de [ses] canaux digitaux ». Cette attitude a été « saluée » par le Conseil supérieur de la communication (CSC), le régulateur, qui a souhaité « que les excuses soient étendues aux autorités nationales », fait savoir la direction de BF1, promettant de renforcer ses « procédures de contrôle éditorial afin d’éviter que de tels incidents ne se reproduisent à l’avenir ».
Dans le communiqué, BF1 ne fait cependant pas mention du cas de l’auteur de ce reportage, actuellement détenu. Le journaliste concerné, Luc Pagbelguem, a été arrêté le 24 mars 2025, quelques heures après l’interpellation de Guezouma Sanogo et de Boukari Ouoba, respectivement président et vice-président de l’AJB.
S’agissant de Luc Pagbelguem, les agents du Conseil national de la sécurité, qui sont venus le chercher « aux alentours de 16 h 30 », ont fait part au directeur général de leur « souhait d’entendre le journaliste à propos de son reportage », selon BF1, dans un communiqué. Depuis lors, l’homme n’a toujours pas été relâché, tout comme les deux membres de l’AJB.