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Au Maroc, une journaliste risque deux ans de prison pour « avortement illégal »

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Arrêtée à la sortie d’un cabinet médical de Rabat fin août, le procès de la journaliste de 28 ans fait les choux gras au Maroc avec notamment des acteurs de la société civile et des défenseurs des droits humains qui dénoncent une procédure politique liée à son travail.

Arrêtée le 31 août dernier pour « avortement illégal et débauche », le procès  de la journaliste Hajar Raissouni s’est ouvert lundi 9 septembre avec une audience qui a duré plus de quatre heures. Elle est poursuivie en même temps que son fiancé. La jeune femme, elle, risque jusqu’à deux ans de prison, a appris Médiatude.

Lundi durant le procès, les avocats du médecin ont plaidé l’assistance à personne en danger. « Nous avons tous les éléments médicaux et scientifiques qui attestent que Hajar Raissouni était enceinte, mais que le fœtus était déjà mort quand elle est arrivée dans le cabinet. Il ne s’agit donc pas d’un avortement mais d’une opération de sauvetage suite à une hémorragie interne », plaide Me Myriam Moulay Rchid, avocate du médecin. « Juridiquement, mon client est le principal prévenu. Il risque cinq ans de prison pour pratique illégale d’avortement, voire jusqu’à dix ans si cette pratique est jugée habituelle », s’inquiète l’avocate près la cour d’appel de Rabat, rapporte le journal Le Monde ;

Savoir si Hajar Raissouni a avorté ou non, si elle était « islamiste », « enceinte » ou « mariée ». Autant de questions qui ont été posées publiquement dans les médias et sur les réseaux sociaux, dévoilant des informations intimes sur la vie de la jeune femme. « Hajar Raissouni a été victime d’un lynchage médiatique dont l’objectif n’est pas de sanctionner l’avortement, mais de la viser en tant que journaliste », estime Khadija Ryadi, ex-présidente de l’AMDH.

Dans le même temps, la journaliste a aussi décidé de porter plainte contre la police pour torture suite à un « examen médical subi pour la forcer à avouer des actes qu’elle n’a pas commis »

Reporter au sein du journal arabophone indépendant Akhbar Al-Yaoum, Hajar Raissouni a notamment couvert le Hirak, contestation sociale qui a secoué le Rif, au nord du Maroc, entre 2016 et 2017. Un dossier sensible, dont les leaders sont encore en prison. Taoufik Bouachrine, le patron de ce même journal, a été condamné l’année dernière à douze ans de prison, dans une affaire d’agression sexuelle qu’il dément. « Aujourd’hui, les journalistes marocains ne vont pas en prison directement pour leurs articles. On utilise les lois liberticides sur les mœurs à des fins politiques », analyse encore Khadija Ryadi. Dans un communiqué officiel, le procureur du roi a pourtant officiellement assuré que le procès de Hajar Raissouni n’avait « rien à voir avec sa profession de journaliste ».

Avec LeMonde.fr

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