Interview Shannel Messi : « Je souhaite mettre en place des formations pour aider les femmes victimes de violences à devenir autonomes »

Animatrice à Cam 10 Télévision et entrepreneure, Shannel Messi est également présidente de la Kmar Foundation. Cette plate-forme de défense des droits humains et de lutte contre les violences faites aux femmes a tenu une conférence le 31 janvier 2025. L’occasion pour sa présidente de partager avec Médiatude sa mission, ses motivations et ses projections pour les cinq prochaines années.

Médiatude : C’est quoi la fondation KMAR ? Quelle est sa mission principale ?

Shannel Messi : KMAR Foundation est une fondation dédiée à la prévention, à la sensibilisation et à l’accompagnement des personnes victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles. Notre mission principale est de prévenir, sensibiliser, accompagner et soutenir les victimes de violences. Nous cherchons à intervenir sur plusieurs fronts : aider les victimes à se reconstruire et sensibiliser les communautés à un changement de mentalité. C’est pourquoi nous proposons des services d’accompagnement pour restaurer les vies touchées, ainsi que des programmes de sensibilisation.

Pourquoi une fondation pour défendre les droits des femmes ?

Parce qu’une femme sur cinq et près d’un homme sur six, âgés de 18 à 74 ans, ont déjà subi des violences psychologiques, physiques ou sexuelles au sein de leur famille avant l’âge de 15 ans, selon les données de 2022. Ces dernières années, la disponibilité des données sur la violence envers les femmes et les filles s’est considérablement améliorée. Un rapport mondial couvrant 161 pays montre que sur environ 736 millions de femmes, au moins une sur trois a été victime de violences au cours de sa vie. La situation étant de plus en plus préoccupante, KMAR Foundation s’est engagée à soutenir toutes les personnes victimes de violences, en tenant compte des statistiques et des recherches.

Et les hommes alors ? (Sourire)

Nous nous occupons également des hommes victimes de violences au sein de la fondation, et ce, avec beaucoup de sérieux. Mais nous mettons un peu plus d’accent sur les femmes, car le taux de violence est très élevé chez elles.

Pensez-vous que les médias jouent un rôle suffisant dans la sensibilisation aux violences faites aux femmes ?

Non, pas encore. On n’en parle vraiment pas assez. D’ailleurs, je compte produire une émission qui sera sponsorisée par la fondation. Elle participera à la sensibilisation d’un large public.

Quels sont les prochains projets de la Fondation KMAR ?

En portant ce projet, nous ne pensons pas seulement au Cameroun ou à l’Afrique, mais au monde entier. Très souvent, des femmes veulent quitter des foyers toxiques, mais elles se demandent encore : Où irai-je ? Elles sont souvent obligées de rester et de subir. Nous comptons construire un siège qui accueillera ces femmes, pour les accompagner dans leur guérison et leur permettre de mener des activités. Nous souhaitons également les former afin qu’elles puissent devenir autonomes après leur rétablissement. Nous avons vraiment besoin de bénévoles et de mécènes. Actuellement, nous préparons une tournée dans les établissements scolaires pour sensibiliser sur les violences sexuelles. Nous sommes aussi en phase de recensement des victimes.

Où voyez-vous la Fondation KMAR dans cinq ans ?

Nous espérons que dans cinq ans, nos objectifs seront atteints. Nous voulons établir des partenariats stratégiques avec des organisations internationales et locales afin d’amplifier l’impact de nos activités. Nous comptons également développer des programmes de formation et de mentorat pour aider les femmes à acquérir des compétences et à se développer professionnellement. Par ailleurs, nous organiserons des événements et des séminaires pour sensibiliser aux problèmes que rencontrent les femmes et promouvoir l’égalité des sexes. L’usage des réseaux sociaux et des médias sera aussi un levier essentiel pour partager nos actions et inspirer d’autres personnes à rejoindre cette cause. Enfin, nous mettrons en place un système de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact de nos actions et ajuster nos stratégies en conséquence.

Quel message souhaitez-vous adresser aux victimes et aux témoins de violences ?

Aux victimes et aux témoins de violences, nous croyons en vous et nous sommes à vos côtés. Nous reconnaissons la bravoure et la force dont vous avez fait preuve face à des situations terribles. Sachez que vous n’êtes pas seuls. Il y a des personnes qui vous aiment, qui vous soutiennent et qui veulent vous aider. Nous sommes là pour vous écouter, vous accompagner et vous guider sur le chemin de la guérison. N’oubliez jamais que la violence n’est jamais acceptable et que vous n’êtes en aucun cas responsables de ce qui vous est arrivé. Vous méritez d’être traité(e)s avec respect, dignité et amour. Nous nous engageons à créer un monde où la violence n’a pas sa place, où les droits humains sont respectés et où chacun peut vivre en sécurité et en paix. Continuez à être forts, à vous battre pour vos droits et pour ceux des autres. Nous sommes avec vous.