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Vivre ensemble au Cameroun : impact du discours de haine dans les médias

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Dans une société diversifiée et multiculturelle comme le Cameroun, il est primordial de promouvoir un esprit d’unité et de coexistence. Cependant, on s’inquiète de plus en plus de l’impact préjudiciable des discours de haine dans les médias, qui sapent ces principes fondamentaux.

Le discours de haine, qui peut alimenter la division et l’animosité, constitue une menace importante pour l’harmonie et la stabilité de la société. Ces dernières années, l’essor des plateformes de médias sociaux et la prolifération des organes de presse ont amplifié la diffusion de discours de haine au Cameroun. Cette rhétorique haineuse, qui cible souvent des groupes ethniques, religieux ou politiques, a le potentiel d’inciter à la violence, d’approfondir les divisions sociétales et d’éroder le tissu d’unité dont la population diversifiée du Cameroun s’enorgueillit depuis longtemps.

La question fait écho depuis la sortie à polémique de Claude Abe, enseignant d’université, le 16 avril sur le plateau de CLUB D’ELITES sur Vision 4. Se prononçant sur l’Affaire Dikolo il avait indiqué que la question foncière est une véritable poudrière pour le Cameroun, et pourrait être une source de crise plus grave. Continuant son propos, il est entré dans ce que plusieurs observateurs ont qualifié de « dérive », en proposant que « la République devra passer par une réforme foncière. Chacun devra rentrer chez lui. Il ne faut pas s’accrocher sur la notion de République pour envahir les gens dans leur village ». Depuis cette sortie la toile s’est enlisé. Pour certains les récents affrontement de Sangmélima peuvent être la conséquence de tells sorties médiatiques. « Je peux le dire, la sortie malheureuse et maladroite de Claude Abe est à l’origine de ce que nous avons vécu mercredi à Sangmelima. » s’est défendu Edmond Kamguia dans DROIT DE RÉPONSE sur Équinoxe Tv le 28 mai, comme d’autres leaders d’opinion.

On peut constater que l’impact des discours de haine dans les médias est considérable et multiforme. Tout d’abord, il perpétue les stéréotypes et les préjugés, renforçant les préjugés existants et intensifiant les tensions entre les différentes communautés. Non seulement cela entrave la cohésion sociale, mais cela sape également les fondements d’une société démocratique qui se nourrit d’inclusivité et de valeurs partagées.

En outre, le discours de haine a des conséquences tangibles sur le bien-être psychologique des individus et des communautés. Il crée un environnement de peur, d’anxiété et de méfiance, qui entrave le dialogue et l’engagement constructif. Les personnes exposées au discours de haine peuvent ressentir un stress accru, un sentiment d’isolement et une diminution du sentiment d’appartenance, autant d’éléments susceptibles de marginaliser davantage les groupes vulnérables et d’étouffer leur potentiel de participation pleine et entière à la société.

La prolifération des discours de haine dans les médias n’est pas seulement une conséquence des avancées technologiques ; elle est également façonnée au Cameroun depuis 2016 par des questions sociétales sous-jacentes telles que la polarisation politique, les disparités économiques et les griefs historiques : la crise anglophone, l’élection présidentielle de 2018… y ont fortement contribué.

Heureusement, il existe déjà au Cameroun des initiatives et des organisations prometteuses qui travaillent activement à la lutte contre le discours de haine et à la promotion du dialogue. Les organisations de la société civile, les organes de surveillance des médias et les institutions gouvernementales jouent un rôle crucial dans la surveillance et la lutte contre la propagation du discours de haine. Le 02 juin le CNC est sorti de son long silence pour sanctionner quatre organes de presse auteurs de diffusion de propos de haine. Avant le CNC, le Ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji a été le premier à mettre les médias en garde, dans un communiqué publié le 22 mai. Prenant lui aussi directement ses instructions du palais, le secrétaire d’État à la Défense Galax Yves Landry Etoga a adressé le 25 mai un message aux responsables de la Gendarmerie nationale. Selon lui, les propos haineux « constituent une préoccupation socio-sécuritaire majeure susceptible de fragiliser l’unité et la cohésion » et selon Jeune Afrique le 09 juin, Paul Biya, informé lors de la fête nationale du 20 mai, de la multiplication des discours à connotation communautariste dans les médias a donné des instructions fermes vis-à-vis de certains médias.

Ces réactions des autorités et mêmes des associations montrent la gravité de la situation au Cameroun.

Un effort collectif sur plusieurs fronts

 Il est important de noter que la lutte contre le discours de haine dans les médias nécessite une approche multidimensionnelle impliquant diverses parties prenantes. Les organisations médiatiques ont un rôle crucial à jouer en promouvant un journalisme responsable et en veillant à ce que leurs plateformes ne soient pas des vecteurs de diffusion du discours de haine. En outre, les individus peuvent également contribuer à la lutte contre le discours de haine en s’engageant activement dans des conversations qui promeuvent la tolérance, l’empathie et la compréhension.

Les efforts de lutte contre le discours de haine doivent également être complétés par des changements sociétaux plus larges. Il s’agit notamment de promouvoir l’inclusion dans l’éducation, d’encourager le dialogue interculturel et de créer des espaces pour des conversations constructives qui comblent les fossés entre les différentes communautés.

En outre, le soutien du gouvernement est essentiel pour créer un environnement propice à la lutte contre le discours de haine. Le renforcement de la législation, l’établissement de cadres réglementaires et l’allocation de ressources pour des campagnes de sensibilisation et des programmes d’éducation peuvent tous contribuer à lutter efficacement contre le discours de haine.

La lutte contre l’impact du discours de haine dans les médias nécessite un effort collectif sur plusieurs fronts : organisations de médias, société civile, individus et gouvernement. En travaillant ensemble, nous pouvons lutter contre les discours de haine, promouvoir la compréhension et construire une société plus cohésive au Cameroun.

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