Des journalistes échappent à plusieurs attaques séparatistes dans le Sud-ouest
Doh Bertrand Nua (Photo), reporter au journal The Median que dirige Ojong Steven Ayukogem, a selon son témoignage échappé à la mort, ainsi des confrères, suite à une attaque séparatiste dans la région anglophone, le dimanche 9 février 2020, a appris Médiatude.
C’est dans un texte publié sur sa page Facebook le 10 février dernier que le journaliste est revenu sur les circonstances de cet incident qui a failli lui coûter la vie ainsi qu’a des confrères. Selon son récit, Médiatude apprend qu’après avoir couvert avec succès le déroulement du double scrutins municipaux et législatifs dans l’arrondissement de Mamfe, département de la Manyu, région du Sud-Ouest du Cameroun, ils se sont rendues au village Bachou Ntai où ils ont pris un léger repos au palais du sénateur Nfor Tabetando : « Le convoi a bénéficié de l’escorte des éléments du Bataillon d’intervention rapide (BIR), lourdement armé. Nous étions tous conscients du périlleux voyage qui nous attendait. C’était une route sûre à travers les villages du département de Manyu jusqu’à ce que nous marchions sur le sol de Kupe Muanenguba », explique Doh, ajoutant qu’ils ont d’abord été attaqués dans le village de Babensi I près de Talangaye.
Le casque a empêché les dizaines balles de pénétrer mon crâne
« Des coups de feu sporadiques ont été tirés des buissons. Ici, des combattants séparatistes ont abattu de grands arbres et monté des barrages routiers. Des balles et des cartouches ont commencé à couler sur nous depuis les buissons voisins alors que les éléments du BIR descendaient de leurs voitures pour dégager la route à l’aide des tronçonneuses. Seul Dieu seul sait comment j’ai été sauvé des balles qui criblaient notre voiture. La vitre du siège avant du véhicule où j’étais assis a été complètement abaissée. Les verres cassés tombaient sur moi. Tout pourrait arriver à ce stade pour moi alors que plus de balles se déversaient sur notre voiture. J’avais un casque BIR qui m’a été remis par l’un des chauffeurs BIR de Nguti. Le casque a empêché les dizaines balles de pénétrer mon crâne. J’avais aussi avec moi un petit sac d’ordinateur portable noir que j’utilisais pour couvrir la vitre de la porte endommagée. Le sac a été perforé à plusieurs endroits par des balles des «Amba Boys» qui étaient déterminés à répandre du sang. Sans le sac de mon ordinateur portable, de nombreuses cartouches auraient pénétré dans mon corps », raconte-t-il indiquant que les coups de feu ont duré environ 45 minutes.
« Affolé comme je l’étais, j’ai crié des prières comme un chrétien né de nouveau demandant une autre chance de vivre au Dieu Tout-Puissant. Je ne savais même pas si je respirais toujours, mais je continuais à crier comme un nouveau-né exposé à un froid atroce ou mieux encore à souffrir de la circoncision. Frustré comme je l’étais, j’ai presque ouvert la portière pour rencontrer les éléments du BIR qui montraient leur savoir-faire au combat à l’extérieur pour une meilleure protection, mais j’ai été interrompu gravement par des paroles de prudence du conducteur et d’un collègue de la CRTV. C’est à ce stade qu’un des soldats du BIR, en tirant activement sur les « garçons Amba » depuis leurs cachettes, m’a précipité comme un bébé dans l’une des voitures blindées voisines qui était stratégiquement stationnée pour couvrir notre voiture. Le collègue de CRTV a également été transporté dans un autre véhicule blindé quelques minutes plus tard. Notre courageux chauffeur, visiblement à la trentaine, est resté seul dans la voiture avec une vitre de la portière cassée », peut-on lire.
Un Hilux blanc (notre voiture) a été criblé plusieurs fois
Alors qu’ils croyaient tout terminé, ils feront à nouveau face à un autre obstacle : « À quelques mètres de l’attaque de Babensi, nous avons rencontré des tas de feux de forêt sur la route montée par les séparatistes pour nous empêcher de traverser. Nous avons réussi à passer indemnes. Nous avons franchi cinq barrages routiers avant d’arriver à Konye, où nous avons attendu 30 minutes pour obtenir des renforts de Kumba. Le renforcement de Kumba devait dégager les barrages routiers le long du tronçon Kumba-Konye. Plus de cinq des barricades ont été détruites et les combattants ont été poussés dans la forêt. C’est à Konye que l’équipe du BIR qui nous accompagnait a dû retourner dans sa base de Nguti. Nous sommes finalement arrivés à Kumba vers 21 heures. Après près de 30 minutes de repos, nous sommes partis pour Buea. Le convoi a dégagé quatre barrages routiers le long de la route Kumba-Buea avant d’arriver au point milliaire 17 Buea. Nous avons ensuite été escortés hors de la région troublée par une autre escouade prête au combat jusqu’au pont de Mungo, où nous sommes partis pour nos différentes destinations. »
Doh Bertrand ajoute que l’arrivée à Mamfe le samedi 8 février 2020 n’a pas été facile non plus étant donné qu’ils ont été attaqués à trois endroits dans l’arrondissement de Konye. Ils ont également dégagé un barrage routier à Muyuka et trois autres à Konye sur le chemin de Mamfe. Pour rétablir les faits, Doh a formulé que personne n’avait été blessé lors des attaques. « Personne n’a été blessé. Seules deux vitres de portières ont été détruites. Un Hilux blanc (notre voiture) a été criblé plusieurs fois par des cartouches Amba. Deux crevaisons de pneus – une voiture civile et une voiture blindée – sur le chemin de Mamfe. »
Le journaliste n’a pas manqué de remercié Dieu pour cette autre chance qui lui a accordé, non sans saluer la bravoure exceptionnelle d’éléments du BIR.