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Haman Mana : « Le CNC est une espèce de maison de retraite de luxe pour recaser des journalistes dont le pouvoir a apprécié les services »

Dans leur ouvrage CAMEROUN, LE JOURNALISME EN MUTATIONS : REGARDS SUR UNE PROFESSION EN PÉRIL, Haman Mana et Valentin Siméon Zinga estiment que le régime camerounais a plusieurs fois tenté d’influencer et contrôler la presse. Dans ce passage sélectionné par Médiatude, les journalistes mettent en lumière quelques faits.

La liberté, l’autonomie ou l’indépendance de la presse au Cameroun est une fois encore remise en question. Dans ce livre où ils parlent de l’évolution du journalisme au pays, Valentin Siméon Zinga lance la discussion -du passé- en posant une question essentielle : peut-on envisager une réhabilitation du journalisme face à cette « imposture généralisée » ? Haman Mana répond en partant  des années 90, un tournant pour la presse camerounaise.

Le patron d’y journal LE JOUR évoque la création de médias pro-gouvernementaux pour contrer la montée d’une presse privée critique envers le régime. «  LE PATRIOTE où sévissait un certain Assoubita D’assotol, dont il était de notoriété publique qu’il s’agissait de Jacques Fame Ndongo, fut la tête de proue de cet hebdomadaire qui déjà à l’époque vendait la thèse du « complot anglo-bami »  pour expliquer la montée du SDF de John Fru Ndi. D’autres titres ont fait florès à l’époque, et dans le même sillage: LA CARAVANE, pilotée par Patrice Etoundi Mballa depuis la Sopecam où il était rédacteur-en-chef adjoint de Cameroon-Tribune ». Cette stratégie, selon Haman Mana, visait à affaiblir la presse indépendante en noyant le débat dans une cacophonie médiatique contrôlée.

Dans le domaine associatif, Haman Mana décrit la création de l’Union des Journalistes du Cameroun (UJC), un mouvement regroupant des journalistes de toutes tendances, avec pour premier président Amadou Vamoulké. Cependant, face à cette initiative, le gouvernement a mis en place une contre-association, « Dans les couloirs du ministère de la Communication, naît une Union des Journalistes Libres du Cameroun (UJLC), dont le président est un commissaire de police révoqué, et qui tient un journal déjà ! (À gages). A chaque prise de position de l’UJC, suit un communiqué de l’UJLC qui martèle le contraire. Le pouvoir en place, malgré ses médias « officiels », a toujours eu le souci, en sous-marin, de brouiller le discours de la presse d’en face ».

Et pour mieux illustrer cela, Haman Mana dépeint ainsi le Conseil National de la Communication (CNC) comme une institution qui, loin de renforcer le paysage médiatique, est un « trompe l’oeil ». « Tous les « efforts» du gouvernement ne sont qu’instruments: actuellement, le Conseil national de la communication (CNC) est une chambre d’amis. Une espèce de maison de retraite de luxe, pour recaser quelques journalistes dont on apprécia les services. J’ai participé activement à l’adoption de la Convention collective des employés du secteur de la communication. Sa signature a donné lieu à beaucoup de bruit en 2008. C’était tout simplement parce que le ministre de l’époque voulait s’en octroyer la paternité et le mérite. À cette convention était adossé un ensemble de conditions qui n’ont jamais été respectées par le gouvernement

Selon le directeur de publication du journal LE JOUR, l’abondance de titres dans le paysage médiatique camerounais, selon lui, cache une pauvreté éditoriale profonde, comparable à « l’immense ventre de l’enfant atteint de kwashiorkor ».

La cérémonie de dédicace du livre devrait se tenir le 17 octobre à la Librairie des Peuples Noirs.

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