Interview Parfait Siki: « Info+ c’est l’information augmentée… l’idée est de toujours apporter un plus aux informations disponibles »
Passé par le journal Repères, L’Economie et par la Fécafoot, dont il a été le chef de la communication et le secrétaire général par intérim, Parfait Siki Awono vient de lancer le journal Info+. Le journal se propose d’apporter des idées nouvelles pour réconcilier les lecteurs avec la presse écrite, à travers le traitement de l’information.Entretien
Médiatude : Monsieur Siki, depuis votre départ de la FECAFOOT, vous avez disparu des radars. Vous revenez avec un nouveau journal. D’où vous est venue cette idée ?
Parfait Siki: Votre question peut paraître incongru au regard de mon métier de base qui est le journalisme. Mais, je vous concède que tout journaliste n’a pas vocation ou l’ambition de devenir patron de presse.
Il se trouve que pendant ma pause journalistique, j’ai eu le temps d’observer la presse et de me rendre compte de la disparition progressive des genres nobles de notre métier : les éditoriaux sont devenus rares, les reportages sont quasi inexistants dans la presse écrite. L’arrivée et l’expansion des médias sociaux ont changé le visage de la presse écrite et cette dernière n’a pas fait son aggiornamento.
Je me lance donc pour participer avec d’autres directeurs de publication, gardiens du temple malgré les difficultés structurelles et conjoncturelles, à ne pas tout perdre de ce que la presse écrite a été dans ce pays et peut encore apporter.
Par rapport aux autres, quelle sera la particularité de votre journal ?
INfo+, c’est l’information augmentée. Notre choix d’une périodicité hebdomadaire face à une dizaine de quotidiens oblige à rebondir et non à bondir sur l’information. L’idée est de toujours apporter un plus aux informations disponibles. Car il apparaît clairement que la presse a perdu la primauté des informations, le scoop comme on dit dans le jargon, au bénéfice des réseaux sociaux, où les internautes sont producteurs directs des documents. Alors il faut aider à décrypter, il faut expliquer, mettre en relief ou ouvrir les perspectives. C’est à cela que nous attelons.
Quel sera également votre ligne éditoriale ? Et comment s’explique ce choix ?
Nous sommes mendiants des faits, ceux qui structurent l’espace public et dessinent les enjeux futurs de notre pays. Ces faits se logent en politique certes, mais aussi en économie, dans la société voire en sport, tel qu’on le voit aujourd’hui avec l’actualité à la FECAFOOT. Nous ne sommes ni savants ni vulgaires.
Il n’y a chez INfo+ aucun parti-pris pour la veuve et l’orphelin, signe de l’engagement journalistique mais nous n’avons aucun apriori sur quelque sujet que ce soit.
Au-delà de tout, nous sommes un journal qui a l’ambition d’être agréable à lire et à recommander.
Vous avez été responsable dans plusieurs rédactions. Vous connaissez en profondeur les difficultés de ce monde. Quel regard jetez vous sur l’état de la presse écrite camerounaise aujourd’hui ?
La presse en général est en pleine turbulence, prise en tenaille dans un monde en mutation dans lequel les fondamentaux du journalisme sont ébranlés. L’information est fuyante car les journalistes ne sont plus les seuls à la manipuler. Les lecteurs, auditeurs et spectateurs ont aussi à leur disposition la matière première qui est l’information et les relais que sont les médias sociaux. La presse a perdu cette exclusivité et elle ne s’en est pas encore remise. Pourtant, non seulement elle doit accepter ces changements, elle doit s’y adapter au risque d’être complètement larguée. Cela concerne aussi bien l’exercice du métier que la formation. On ne doit pas former les journalistes d’aujourd’hui comme on formait hier.
La presse écrite est encore plus en difficultés. Les ventes, faute d’une distribution efficace, ont drastiquement baissé, la corbeille publicitaire s’est vidée et la nécessaire migration numérique n’a pas commencé. Tous ces chantiers sont pris en main par la Fédération des éditeurs de presse du Cameroun (FEDIPRESSE), qui fait un travail de fond pour le sauvetage de la presse écrite.
Comment est-ce que votre média compte t-il survivre dans cet environnement onéreux et concurrentiel ?
Pour vivre ou survivre dans la presse écrite, il faut une équation à la fois collective et individuelle. Il existe des niches de recettes qu’il faut aller chercher. Mais avant il faut construire la crédibilité qui décide les prescripteurs à vous suivre.
Je ne peux vous en dire plus sans dévoiler la stratégie d’INfo+.
Vous avez quitté la FECAFOOT il y’a quelques mois. Quel regard jetez-vous aujourd’hui sur sa communication que vous avez dirigée pendant des années ?
J’observe ce qui se passe avec une certaine distance. Comme vous le savez, je ne suis plus dans cette maison même si j’y ai conservé des amitiés. Je vois combien les uns et les autres peuvent aujourd’hui constater que l’art n’est vraiment pas aisée.
Par quel moyen pourrait-elle s’améliorer ?
Ceux qui dirigent la FECAFOOT savent ce qu’il faut pour améliorer les choses.
Si vous étiez appelé pour la renforcer, quelle serait votre décision ?
Je voudrais vous rappeler que j’ai démissionné de mon poste. Et les raisons pour lesquelles je suis parti demeurent. Tout retour dans ces mêmes conditions est totalement exclu.