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Quand Pius Njawé se faisait emprisonner pour avoir évoqué « l’état de santé de Paul Biya » dans Le Messager 

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La mise en garde du ministre de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji, le 10 octobre 2024 semble ramener la presse privée camerounaise 26 ans en arrière, avec l’histoire de Pius Njawé, un des pionniers de la presse indépendante en Afrique francophone. 

Octobre 1998 – octobre 2024, 26 ans après la libération du directeur de publication du journal Le Messager, la presse camerounaise revit un passage de son histoire. Ce 10 octobre 2024, Paul Atanga Nji a signé un communiqué dans lequel il interdit « tout débat dans les médias sur l’état du Président de la République » et « les contrevenants devront faire face à la rigueur de la loi ». Cette sortie musclée fait suite aux interventions de plus en plus récurrentes dans les médias et sur les réseaux sociaux, au sujet de « l’état de santé » de Paul Biya. Elle rappelle surtout l’incarcération de l’illustre Pius Njawé. 

Son arrestation était partie de la publication d’un article qui évoquait une situation presque similaire à celle que vivent les Camerounais aujourd’hui. Dans son édition du 22 décembre 1997, Le Messager avait publié un article au titre interrogatif : « Le président Biya est-il malade ? ». Cet article faisait allusion à « un malaise qu’aurait eu Paul Biya lors d’une finale de la coupe du Cameroun ». Dans son édition suivante, le journal avait publié le démenti de la présidence. 

Sauf que, le 24 décembre 1997, Pius Njawé est arrêté dans ses bureaux puis conduit à la police judiciaire de Douala. Quarante-huit heures plus tard, il est inculpé de « propagation de fausses nouvelles » et incarcéré à la prison centrale de New-Bell. Et même si pour l’organisation Reporters sans frontières, « aucune faute n’a été commise du point de vue de l’éthique et de la déontologie professionnelles », le 13 janvier 1998, il est condamné à deux ans de prison ferme et 500 000 francs CFA d’amende. Reporters sans frontières avait alors estimé que « cette condamnation témoigne de l’incapacité du régime du président Paul Biya à accepter non seulement la moindre critique, mais le moindre point de vue divergent. En s’attaquant à Pius Njawé, figure emblématique de la presse privée au Cameroun, les autorités exercent un chantage sur l’ensemble de la presse ». 

En octobre 1998, le directeur de publication du journal Le Messager est libéré, gracié par le président de la République. D’après Henriette Ekwe, « il aura fallu la mobilisation de la presse nationale avec toutes ses organisations et des organisations internationales de protection des journalistes, dont Reporters sans frontières en France, l’ONG camerounaise Ocalip, l’Union des journalistes camerounais et The Committee to Protect Journalists à New York ». 

Je n’avais pas commis de faute.

À sa sortie de prison, Pius Njawé avait confié, dans une interview accordée à RFI : « J’ai vécu la torture morale et physique, j’ai vécu la misère, j’ai vécu la mort en direct [en prison, Ndlr] ». Il avait également précisé : « Je n’ai jamais demandé la grâce présidentielle parce que je ne crois pas avoir commis un crime qui puisse m’obliger à demander une grâce. Ce n’est pas une honte de demander pardon quand on a commis une faute. Malheureusement, dans le cas d’espèce, je n’en avais pas commis. Il n’y avait pas de raison que je demande une grâce ». 

Après sa sortie de prison, Pius Njawé avait poursuivi son combat pour la liberté de la presse au Cameroun, jusqu’à son décès le lundi 12 juillet 2010, à 53 ans, dans un accident de la circulation aux États-Unis.

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