« Tant qu’au Cameroun, les gens ne s’expliquent pas systématiquement sur l’origine de leur richesse on court dans le sac », a tonné Moussa Njoya dans SACRÉ MATIN
Joint par Cyrille Bojiko le jeudi 13 octobre 2022 au cours de la matinale SACRÉ MATIN sur Radio Balafon, Moussa Njoya, le politologue a relevé les insuffisances qui d’après lui, freinent l’État dans sa lutte contre la corruption et les détournements de fonds au Cameroun.
En prenant le cas du « scandale » financier des lignes 65 et 94, Cyrille Bojiko a demandé à Moussa Njoya, s’ il pense que des organismes tels que « l’Anif» (l’Agence nationale d’Investigation financière) et « la Conac » (la Commission nationale anti-corruption), suffisent encore pour dissuader les détourneurs de fonds et les corrompus au Cameroun.
En réponse, Moussa Njoya lui a fait comprendre que les problèmes de corruption et de malversations financières persistent au Cameroun parce que son président le veut. « Il n’est un secret pour personne qu’en matière de corruption, le président Biya a donné la chèvre, mais a gardé la corde », a-t-il affirmé.
« D’abord parce qu’aucun de ces organismes, l’Anif, la Conac et j’en passe, n’a pas d’autonomie d’action judiciaire par exemple. C’est-à-dire que la Conac ne peut pas constater que vous avez fait un tel acte de corruption et saisir directement les tribunaux. Elle se limite tout au plus à la dénonciation, et quand vous voyez les rapports produits par la Conac, les effets ultérieurs en matière de procédures judiciaires ont été très infirmes », a-t-il déclaré.
Pour combler les lacunes de la Conac dans sa lutte, Moussa Njoya a proposé ses solutions.
« Première chose, la lutte contre corruption passe par la lutte contre l’enrichissement illicite, parce dans un contexte où vous-vous concentrez uniquement sur les fonctionnaires dans un cadre de corruption etc. les gestionnaires de ces deniers publics, vous n’allez pas lutter contre la corruption, vous n’avez qu’à voir […] les fortunes qui poussent partout là au Cameroun. […]. Tant qu’au Cameroun les gens ne s’expliquent pas systématiquement sur l’origine de leur richesse, on court dans le sac comme on dit souvent au quartier », a déclaré Moussa Njoya.
Et d’ajouter que la « Deuxième chose, c’est la déclaration des biens. Pourquoi est-ce que le Cameroun ne veut pas appliquer l’article 66 de sa propre constitution ? […] En 2008, il y avait une loi qui avait été prise pour encadrer davantage cette déclaration des biens, notamment en définissant les mécanismes que nous trouvions déjà assez légers à l’époque. Mais on a même vu que même ce qu’on applique, rien n’est venu par la suite. Qui a peur de la déclaration des biens au Cameroun ? […] Les mécanismes de contrôle sont faibles », a-t-il affirmé.