Adèle Mballa crée un tollé après un édito autour de l’équilibre régional dans les concours
Sur la toile, la sortie de la journaliste sur les antennes de la CRTV le lundi 19 octobre 2020 n’a pas été bien digérée. «On pourrait se demander si les quotas permettent la promotion et l’émergence d’une jeunesse performante, compétente et méritante» lançait Adèle Mballa dans son édito.
La sortie de la journaliste de la CRTV faisait suite à celle du mouvement «10 Millions de Nordistes», sous la conduite du journaliste Guibai Gatama. Il a saisi le Tribunal Administratif du Centre aux fins de faire annuler les résultats de la session 2020 du concours d’entrée à l’ENAM. Il dénonce la « violation des règles de quotas en vigueur dans les recrutements administratifs ; les trois régions septentrionales n’ayant obtenu que 17,9% d’admis contre 30%».
De son coté, en réaction à la demande de Guibai Gatama, Adèle Mbala, le directeur central en charge du suivi éditorial de l’office public de radiodiffusion appelle à une réflexion profonde sur la politique de l’équilibre régional dans le système éducatif camerounais. «On pourrait se demander par exemple si les quotas permettent réellement la promotion et l’émergence d’une jeunesse performante, compétente et méritante, écrémée par une sélection rigoureuse pour former l’élite du Cameroun et son administration vers l’émergence et ce, dans moins de 15 ans». «Entre le maintien de la paix sociale et des équilibres régionaux et l’inévitable chantier de la modernisation de ces institutions qui devront bien un jour sortir des nimbes de la désuétude et s’assumer comme des creusets dédiés au moulage d’un Cameroun orienté vers la compétitivité et la performance, qui commandent le monde d’aujourd’hui».
«La République devra bien décider un jour, casser quelques œufs si l’on entend faire cette omelette-là […] comment expliquer à un jeune compatriote qu’il ne peut pas être admis dans l’une de ces prestigieuses institutions avec un 18 de moyenne face à son camarade d’une autre région, allègrement admis à l’entrée avec moins de la moitié de cette moyenne. Difficile de justifier l’iniquité, l’injustice et l’inégalité en République, quand les règles sont fixées à l’avance », soutient Adèle Mballa.
Réactions
Adolarc Lamissia, journaliste au quotidien Le Jour parle de « Déclarations scandaleuses sur la CRTV. »
Pour lui, « On a envie d’en rire quand on a écouté le sérieux avec lequel Adele Mballa Atangana a articulé lundi 19 octobre 2020, le message de ses commanditaires sur la Crtv, la chaîne nourrie et blanchie grâce à nos impôts, ceux aussi des fils et filles du septentrion. » lance-t-il. « Afin que nul n’en ignore, le septentrion à travers le Mouvement 10 millions de Nordistes ne demande pas l’aumône. Il exige que l’Etat qui le représente, respecte les droits de ses fils et filles. Il demande que les fruits de la croissance soient répartis de manière équitable sur l’ensemble du territoire. Il souhaite que les investissements publics atteignent aussi le Cameroun septentrional qui n’a depuis le déclenchement des Grandes ambitions ou des Grandes opportunités, jamais bénéficié d’un projet structurant. » Soutien le journaliste. Pour lui la CRTV doit rappeler la journaliste à l’ordre. « Que la CRTV prenne ses responsabilités face à cet impair géant qui ne confirme que le mépris qui est réservé aux fils et filles du septentrion. »
« Merci à Guibai Gatama de nous donner l’occasion de ne plus maugréer et de porter sur la place publique nos frustrations. » félicite t-il.
De son coté, françois Wassouni, enseignant à l’Université de Maroua a répliqué dans une chronique.
« Et si Adèle Mballa savait même ce que pourrait lui coûter ses propos, dans un Cameroun qui n’est plus celui qu’elle pense, celui qui met des personnes comme elle à la place qu’il ne faut pas, laissant à côté ceux qui sont plus aptes. » déclare-t-il « Que sait Adèle Mballa Atangana sur des sujets aussi sensibles à part réciter le journal que parfois elle le fait avec beaucoup de tâtonnements ? On aurait souhaité qu’elle réagisse avec des preuves, plutôt que de nous plonger et surtout nous fatiguer avec des élucubrations des plus dégoûtantes, parce qu’on lui aurait demandé de venir se livrer à cet exercice. » « Que soit-elle du déroulement du concours de l’ENAM pour se livrer à des jugements comme si elle en était la Présidente même du jury? Que chacun sache jusqu’où vont ses limites et savoir garder le silence. Même s’il faille venir au secours du ministre journaliste à la base, je me demande si la science journalistique autorise qu’on dise du n’importe quoi à n’importe quel moment. »