Interview Denis Ikoul : « Mon patron est fier de moi, bientôt CFOOT va passer à une autre dimension »
Denis Ikoul, visage phare de CFOOT, nous raconte comment ce média est devenu une référence incontournable dans le paysage sportif camerounais. Entre réformes du magazine, critiques acerbes de la gestion de Samuel Eto’o à la Fecafoot et une communauté grandissante, CFOOT incarne l’esprit d’une « grande famille passionnée de football » et déterminée à faire bouger les lignes. Dans cet entretien avec Médiatude, le journaliste revient sur son parcours marqué par des défis, des succès et une volonté inébranlable de faire bouger les lignes du journalisme sportif camerounais.
Médiatude : Comment se porte CFOOT ?
Alain Denis Ikoul : CFOOT se porte plutôt bien. Nous enregistrons chaque semaine des centaines d’abonnés. Ces derniers sont de plus en plus interactifs, aiment bien nous titiller, mais ça va. Aujourd’hui, CFOOT est comme une grande famille qui rassemble les Camerounais d’ici et d’ailleurs, et même beaucoup d’autres Africains. Les relations avec eux ne sont pas toujours bonnes, mais ils sont toujours là. C’est ce qui montre que nous sommes une famille, alors CFOOT se porte bien.
On entend beaucoup parler de vous au Cameroun ces derniers mois, surtout lorsqu’on parle d’actualité sportive, mais beaucoup ne savent pas qui vous êtes. Et si vous nous dressiez votre parcours académique et professionnel ?
C’est vrai que beaucoup de Camerounais ont commencé à s’intéresser à l’actualité du football local à la faveur des événements du 11 décembre 2021 (…), et pensent que l’histoire de Denis Ikoul a aussi démarré ce jour, or que non. Je suis Camerounais, originaire à la fois du Centre et du Littoral. J’ai fait mon parcours scolaire à Douala, à la Cité des Palmiers où j’ai obtenu un baccalauréat de l’enseignement général série B en 2010 au sous-centre du Lycée bilingue de Deido, sans jamais redoubler depuis le primaire. Cette série (B), avant sa réforme et son basculement dans l’enseignement technique en 2012, était auparavant une sorte d’alliage entre la série A4 et la série G3, greffée à l’enseignement général.
Après le baccalauréat, j’étais très excité par l’idée de devenir un journaliste bilingue, car depuis l’enfance, on m’appelait déjà Alain Belibi, et j’étais toujours impliqué dans tout ce qui concernait la Communication dans mes différentes écoles depuis le primaire. Du coup, j’ai opté dans un premier temps pour la filière lettres bilingues à l’Université de Douala. Les conditions y étaient très difficiles, avec entre autres les notes qui ne sortaient presque jamais. J’ai compris qu’il était difficile de continuer, c’est ainsi que j’ai décidé en fin d’année de me réinscrire en communication, toujours à l’Université de Douala. Après le DEUG en deux ans, je devais choisir ma spécialité, et c’est ainsi qu’au niveau 3, j’ai opté pour la Communication Sociale et Médiatique. Une fois la Licence obtenue, je me suis inscrit en Master l’année d’après, ayant quelques mois plus tôt décroché un stage à Radio Sport Info (RSI) pour 3 mois. Je me suis retrouvé à y faire 6 mois, puis un an. Martin a décidé à l’époque de me verser un per diem pour assurer le transport, grâce aux plaidoyers du rédacteur en chef de l’époque, Hervé Menom, et de la responsable commerciale, Else Atok. Ça se passait plutôt bien, je rencontrais des personnes formidables qui, au quotidien, m’apprenaient plein de choses. Le rythme de travail était tellement soutenu la deuxième année, et je me souviens qu’en 2016, l’Euro et la Copa America se disputaient au même moment, et j’étais souvent obligé d’arriver à la radio à 7H30, et ne rentrer qu’après 48 heures, car les matchs de Copa se disputaient à 2H du matin pour certains. Je me souviens, et ça c’est une anecdote, que les dernières minutes de la finale de la Copa America 2016 avaient été commentées à la radio par Charles Douglas Ndemba sans images. J’étais au plateau spécial, il était 3H du matin, une grande pluie a démarré, et les images sur le moniteur ne passaient plus. Du coup, Charles a allumé son petit téléphone pour capter RFI, et a commenté la séance de tirs au but de la finale Argentine – Chili à partir de ce qu’il entendait sur Radio France Internationale (RFI) ; c’était à la fois drôle et enrichissant.
À ce moment-là, après le premier semestre de Master, c’était devenu difficile de faire les deux en même temps. Entre quitter la rédaction à Bali pour courir à Emilie Saker pour faire cours à Akwa, c’était devenu très éprouvant et surtout impossible. Il fallait donc faire un choix, et en toute sincérité, avec certaines pressions sociales, j’ai pensé que j’allais beaucoup plus apprendre en me frottant au terrain avec la radio, qu’en poursuivant avec les cours magistraux en faculté, et je ne m’étais pas trompé. Mais l’aventure avec RSI n’a plus duré longtemps, car la radio a connu un petit moment de récession du point de vue financier, avec des mouvements de grève des employés, et c’était difficile pour moi de poursuivre dans ces conditions. J’ai donc dû arrêter en fin août 2016, après près de deux ans avec RSI.
En octobre 2016, j’arrive à Mediafrique Radio grâce à un aîné que j’avais connu à RSI, Zobel Mbong. Là-bas, je fais toujours du sport, mais aussi de l’actualité générale. Mais en janvier 2017, on me détache complètement au sport à la faveur de la CAN 2017 au Gabon. C’est ainsi qu’avec la petite expérience acquise à RSI, je commente tous les matchs des Lions à la CAN 2017 pour la radio Mediafrique, aujourd’hui devenue Dash. Après la CAN, je lance une émission que j’avais appelée « Feuille de match ». C’était une émission consacrée au football. J’y reste jusqu’à la fin de l’année, lorsque le projet commence à s’effondrer du fait des difficultés financières. Il faut surtout rappeler que durant toute cette année à Dash, je n’avais perçu aucun franc, c’était du bénévolat. Dans la foulée, en 2018, il y a donc eu le départ pour « Plus de football » (devenu CFOOT), et en 2021 le site français AfricafootUnited où j’officie jusqu’à ce jour.
Quand et comment démarre l’aventure avec CFOOT ?
CFOOT, c’est l’histoire d’un jeune passionné qui rencontre un autre passionné, et ensemble ils décident de faire bouger les lignes dans un environnement où on sentait un grand vide. J’y arrive en 2018 grâce à Michel Ateba, qui était le rédacteur en chef du site internet www.cfootmag.com. À l’époque, je suis chargé de faire des articles comme les autres rédacteurs pour meubler le site avec des reportages, commentaires, analyses et enquêtes. À côté du site, il y a les pages Facebook, Twitter et Instagram. Ainsi, mes articles sur le site sont relayés sur les pages et attirent l’attention des lecteurs qui commencent à se compter en milliers. À l’époque, ça s’appelait « Plus de foot », et nous avions 65 000 abonnés. Quelques mois plus tard, le site internet rencontre de gros soucis, et tout le monde ou presque va au chômage, sauf moi. C’est ainsi que l’on me confie la coordination des différentes pages, nous sommes en milieu d’année 2019. Première réforme, je propose un changement de nom, et c’est ainsi qu’on passe de « Plus de foot » à « CFOOT ». Deuxième réforme, toujours en 2019, je procède à une légère mutation éditoriale en ajoutant le côté opinion à l’information, qui était autrefois la principale matière de la maison. À RSI, j’avais beaucoup plus fait dans des émissions d’opinion qu’autre chose. Je suis un grand admirateur de Daniel Riolo, avec sa liberté de ton et son style langagier. Du coup, le côté « Opinion » ramené à CFOOT a commencé à accrocher beaucoup de monde. Avant septembre 2021, on s’est retrouvé à plus de 400 000 abonnés à la faveur du CHAN au pays. La CAN en 2022 au Cameroun a encore fait progresser les chiffres, car à la fin de cette compétition, nous avions déjà plus de 500 000 abonnés sur Facebook. Aujourd’hui, on n’est pas loin de 700 000 abonnés. Et CFOOT est aujourd’hui une référence dans le monde.
Beaucoup vous ont connu à travers vos prises de position au sujet de l’actuel président de la Fécafoot, Samuel Eto’o. Pourquoi le critiquez-vous autant ?
Ceux qui me découvrent avec l’arrivée de Samuel Eto’o à la fédération, c’est parce que c’est à ce moment qu’ils ont commencé à s’intéresser au football local. Le précédent exécutif n’avait pas moins souffert de mes critiques. D’ailleurs, je me souviens que Parfait Siki, qui était le Secrétaire général de l’ancien exécutif, criait tout autant à l’acharnement de CFOOT contre le président Seidou et sa FÉCAFOOT. Aussi, lors de la campagne qui a conduit M. Eto’o à la tête de la fédération, je suis allé négocier une interview avec Seidou Mbombo Njoya auprès de Parfait Siki. Ce dernier avait refusé, estimant que CFOOT avait déjà « choisi son camp » en faveur d’Eto’o. D’ailleurs, j’avais longtemps appelé à la démission de Seidou, même si je le regrette aujourd’hui.
Du coup, je pense que Samuel Eto’o n’est pas un président comme les autres. C’est la plus grande star et le plus grand sportif africain de tous les temps. C’est donc évident qu’au moins 99 % des Camerounais aient été, ou soient toujours fans de lui. Dans ce contexte de fanatisme exacerbé, les journalistes sont confrontés à un grand défi : celui de réussir à faire la démarcation entre les fans du joueur Eto’o qu’ils ont été, les journalistes qu’ils sont aujourd’hui et qui doivent apprécier l’activité du président qu’est devenu Eto’o. Malheureusement, le sentiment aujourd’hui est que même dans la presse, on a beaucoup plus de fanatiques que de journalistes quand il s’agit d’Eto’o, mais je peux comprendre cette position. Ma fierté à moi, c’est de pouvoir toujours le regarder sans que mes yeux ne brillent, car je pense que si on veut avoir le meilleur d’un mec comme Eto’o qui se nourrit de la gloire, des louanges et des « atalakou » du grand public et même des politiques, on doit être dur et acerbe dans la critique envers sa gestion. Et ça, c’est ma fierté aujourd’hui, on peut être d’accord ou pas, mais Ikoul et CFOOT font énormément bouger les lignes sur l’activité de Samuel Eto’o à la FECAFOOT. Et cela ne fait pas toujours des heureux, même dans la presse, car ceux qui ont choisi de faire « les danseuses du président » estiment aujourd’hui que CFOOT occupe trop de place. Pourtant, le problème, c’est qu’eux ils ont choisi la facilité.
Avez-vous un intérêt particulier à critiquer sa gestion ?
Oui ! J’ai un intérêt particulier à critiquer la gestion de Samuel Eto’o. Cet intérêt, c’est lui-même Eto’o, c’est son image, c’est sa réputation. Il faut que les Camerounais de toutes générations confondues gardent de lui le souvenir du président qui aura redonné au football camerounais toute sa grandeur. Et aujourd’hui, j’ai l’opportunité de le rappeler à l’ordre, le bousculer dans son orgueil, toucher son ego à travers CFOOT pour qu’il atteigne cet objectif : c’est ça mon combat. Aujourd’hui, il est en train de faire quasiment le contraire de tout ce qui était prévu dans son projet de société que j’ai soutenu, et ceci en partie à cause d’un environnement médiatique corrompu et clientéliste. Certains parmi les journalistes qui ne disent rien sur sa gestion, c’est soit parce qu’ils sont complices, soit parce qu’ils redoutent les représailles de celui qui a dit avoir des « bras longs de jour comme de nuit ». Oui ! J’ai un intérêt à critiquer la gestion de notre icône, car si je ne le fais pas, l’histoire ne retiendra de lui que des scandales, la division et rien de positif. Je ne veux pas être complice de son échec.
Si Eto’o vous proposait de travailler avec lui à la Fécafoot, accepteriez-vous ?
Impossible ! Je suis un homme qui aime la liberté. Et avec Samuel, il faut pouvoir renoncer à sa propre liberté pour travailler avec lui. Et pour moi, c’est impossible dans ces conditions. Aujourd’hui, tous les employés de la fédération sont malheureux, tristes et pas du tout épanouis. Ils vivent le martyr à la fédération. Ils découvrent beaucoup de décisions sur les réseaux sociaux, alors que certaines de ces décisions devraient dépendre d’eux ; ils n’ont le droit de décider de rien, même quand ça concerne leur domaine de compétence. Aujourd’hui, même pour écrire le score d’un match des Lions sur la page Facebook de la fédération, il faut avoir l’autorisation du boss. Je n’invente rien, il y a des témoignages. D’ailleurs, je pense qu’on est beaucoup plus aujourd’hui dans une sorte de « Fédération Camerounaise des Fans de Samuel Eto’o » que dans une FECAFOOT dans le sens propre du terme, parce que tous les membres de la fédération sont exclus de cette institution les uns après les autres. Les clubs, les corps de métiers, les ligues, le gouvernement et même la presse, il faut désormais « faire la danseuse du président » pour ne pas être exclu de la fédération et de son siège. Dans de telles conditions d’hypertrophie de l’autorité présidentielle, impossible pour Ikoul de cohabiter. D’ailleurs, quand on est à CFOOT, on n’a pas grand-chose à envier à un salarié de la fédération.
Avez-vous déjà échangé avec Samuel Eto’o ?
Non ! On s’est croisé à plusieurs reprises au Cameroun et hors du Cameroun, et à chaque fois il a manifesté une forte hostilité dans son langage corporel envers moi. D’ailleurs, un employé de la fédération, dont je vais taire le nom, a failli être renvoyé un jour, parce que Samuel l’avait surpris en train d’échanger avec moi devant un hôtel à Yaoundé l’an dernier. Je n’ai pourtant rien contre l’homme, j’ai d’ailleurs été grand fan du joueur, même si je pense que le président est une calamité pour notre football. Et à travers ma critique, je veux le pousser à faire mieux, car même du temps où il était footballeur, c’est dans la difficulté et le sentiment d’adversité qu’il donnait le meilleur de lui-même.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous ne pratiquez pas du journalisme ?
C’est leur liberté ! Et je ne me souviens pas d’une loi au Cameroun qui interdise aux citoyens de dire des bêtises. Je mets des coups à beaucoup d’acteurs du football au quotidien à travers mes critiques, je critique tout le monde, c’est assumé, alors les autres ont aussi le droit de me critiquer, c’est ça le « Game ». Tout le monde n’aura pas le parcours de Charles Ndongo, de Thierry Roland ou d’Abel Mbengue. J’appartiens à mon époque, et aujourd’hui, le web-journalisme que je pratique a des réalités auxquelles on essaie de s’adapter au quotidien, et ce sont des réalités.
Deux actions majeures que vous avez menées en tant que journaliste et qui peuvent vous rendre fier aujourd’hui ?
J’en ai mené plusieurs, mais je préfère en garder les plus récentes. Lors de la dernière CAN, j’ai interviewé 13 personnalités importantes du football africain. Patrick Mboma, Hugo Broos, Yacine Idriss Diallo le président de la fédération ivoirienne de football etc… Je ne me souviens pas d’un journaliste, même à Canal+, qui ait fait autant en une seule compétition, et singulièrement dans cette CAN en Côte d’Ivoire.
Aussi aujourd’hui avec CFOOT, j’ai réussi à susciter des vocations dans le web journalisme. On voit de plus en plus de jeunes gens dans les stades avec un trépied, un smartphone et un micro, à la quête de l’information. LN Foot et beaucoup d’autres plateformes digitales dédiées au football se sont inspirées de CFOOT et Ikoul. Tout n’est pas parfait, beaucoup ne maîtrisent pas toujours les bases et n’ont jamais côtoyé une rédaction, mais ils apprennent au contact des autres. Et pour moi c’est une fierté, car à mes débuts avec CFOOT, beaucoup de confrères se moquaient de me voir abandonner la radio, mais aujourd’hui tous se lancent sur le digital : j’ai donc été avant-gardiste. Aujourd’hui je suis combattu même par des confrères qui sont administrateurs de groupes WhatsApp de signalement de CFOOT, or les mêmes puisent beaucoup sur CFOOT pour travailler au quotidien. C’est ça aussi la complexité de la vie, mais surtout du camerounais.
La presse sportive a-t-elle de beaux jours au Cameroun selon vous ?
Pas du tout ! L’avenir est très sombre pour cette presse. La presse sportive ne saurait être en inadéquation avec le mouvement sportif en lui-même. Si vous commentez un mauvais match, il y a de très fortes chances que votre commentaire soit mauvais. La presse sportive est et sera toujours à l’image du mouvement sportif. Aujourd’hui les conditions des sportifs sur le plan local sont exécrables, les dirigeants sont de gros corrupteurs, et utilisent une partie fragile de la presse pour manipuler l’opinion publique. C’est ainsi que dans le football aujourd’hui par exemple, des journalistes peuvent vous expliquer que c’est normal que le bus promis par One All Sports ne soit pas là 3 ans plus tard, c’est normal qu’on promette de lancer les travaux du siège de la fédération et que 13 mois plus tard rien de démarre, c’est normal que le Ministre des Sports nomme le Coordonnateur des sélections nationales en transgressant les règles, que c’est normal que KSA n’ait pas de licences et soit suspendue, que c’est normal qu’un dirigeant d’une fédération traite ses compatriotes de « Hiboux », c’est normal qu’on se vante d’une victoire face au Brésil en Coupe du monde alors qu’on partait pour disputer 7 matchs, c’est normal qu’on ne paye pas les arbitres de football, c’est normal qu’on bloque l’accès à la fédération à des journalistes parce qu’ils sont critiques. Tout ceci est cautionné par une partie de la presse à la solde des dirigeants, et la précarité dans notre domaine ne va pas nous aider.
Quels sont vos projets pour CFOOT ?
Nous sommes déjà parmi les meilleurs, et nous comptons devenir les meilleurs. Mon patron est fier de moi, on échange une à deux fois par trimestre, mes collaborateurs sont fiers de moi, et partagent la même envie d’aller de l’avant. Nous avons récemment passé un accord avec un fond d’investissement pour franchir un autre cap. Les pigistes avec lesquels nous travaillons seront dans les mois qui viennent permanemment engagés à CFOOT, et nous allons renforcer les effectifs et faire une refonte du Site internet pour être encore plus compétitifs. Nous prévoyons aussi avant la fin de l’année, lancer de nouveaux contenus encore plus attractifs pour meubler nos réseaux sociaux. J’y travaille, les ressources sont déjà mobilisées, et bientôt vous verrez CFOOT passer à une autre dimension.
Entretien avec Y.M.T. et K.N.