Tchad : le parcours de Hassan Sylla Ben Bakary, journaliste devenu ministre
Ancien journaliste, l’actuel ministre de la communication tchadienne, lance un message à la jeunesse.
Au Tchad, dans le cadre de la campagne pour l’élection présidentielle du 11 avril prochain, la Deutsche Welle brosse le portrait de quelques jeunes militants de l’opposition et du parti au pouvoir. Vous retrouvez tous ces portraits sur son site. Dans cet article, celui d’Hassan Sylla Ben Bakary.
Une enfance difficile
Hassan Sylla Ben Bakary a dépassé la quarantaine et il se déplace à l’aide d’une béquille. Ancien journaliste, avant de devenir ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement tchadien, son enfance a été marquée par un drame. Il a été percuté par une voiture, un accident qui a failli lui coûter la vie.
Evoquer cette période, c’est le plonger dans une histoire qui le bouleverse. « J’ai dû être transféré en France où j’ai fait toute l’école primaire sur un brancard dans un centre spécialisé », raconte-t-il. A son retour au pays, en janvier 1986, il est inscrit au lycée de la Liberté. « A l’époque ça s’appelait le collège d’enseignement général 1 », se souvient-il. « Ensuite, je suis allé au lycée Félix Eboué de N’Djamena où j’ai obtenu mon bac en 1994. »
Des études au Cameroun
Après ce baccalauréat, Hassan Sylla Ben Bakary va travailler un an et économiser assez d’argent pour étudier le journalisme au Cameroun. De retour au Tchad en 1997, il intègre la télévision nationale tchadienne où il a gravi les échelons jusqu’au poste de directeur. Professionnel, aimant le travail bien fait, ses amis l’appellent affectueusement Benbak.
Il est remarqué par le chef de l’Etat qui le nomme au gouvernement ministre de la communication et porte-parole du gouvernement à la suite d’un échange particulier avec le président Idriss Déby, lors d’une interview. « C’est la politique qui est venue vers moi », raconte-t-il aujourd’hui.
Journaliste culotté
« C’est un hasard, je suis arrivé à la présidence de la République en tant que directeur de la radio nationale tchadienne avec cinq autres directeurs de publication pour faire une interview avec le chef de l’Etat. Et à l’époque, en 2011, le mandat du chef de l’Etat était consacré à la jeunesse et aux femmes donc on voulait le prendre au mot ».
Hassan Sylla Ben Bakary dit à ses collègues qu’il va demander au président de le nommer ministre, ce qui provoque les moqueries. L’interview se déroule. Hors-micro, le journaliste rappelle ensuite au président sa promesse du « mandat de la jeunesse« , lui proposant de le nommer ministre. Le chef de l’Etat rit. Hassan Sylla Ben Bakary sera finalement au gouvernement quelques semaines plus tard.
« Les réseaux sociaux constituent un danger »
Deux fois porte-parole du parti au pouvoir, il est actuellement, responsable adjoint de la gestion des bureaux de soutien au parti au pouvoir. En raison du climat politique tendu en cette période électorale, il appelle la jeunesse à ne pas se laisser manipuler par l’opposition.
« Ces derniers temps, la jeunesse tchadienne est trop politisée », estime-t-il. « Elle se laisse manipuler. Les réseaux sociaux aujourd’hui constituent un danger extraordinaire ».
Hassan Sylla Ben Bakary parle de « l’indivisibilité » du pays, des Tchadiens du Nord et des Tchadiens du Sud. « Notre différence doit être une richesse et non un problème pour nous », insiste-t-il. « L’amour de la patrie c’est une chose. Tu peux ne pas aimer le système qui est en place, tu peux détester carrément même le président de la République. Mais nous ne sommes pas éternels, ni au pouvoir, ni sur terre. En revanche, le Tchad est éternel. »
Hassan Sylla Ben Bakary est également le fondateur d’une radio culturelle privée à N’Djaména dénommée FM Hagui et créée en 2019.