Interview

Georges Alain Boyomo : « Je suis fan des titres incitatifs depuis l’école de journalisme » #2

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Pour le lancement du site web de Médiatude, 1er journal en ligne camerounais essentiellement dédié à la vie des médias, nous sommes allés à la rencontre de quelques acteurs des médias. Dans cette série d’interview que nous vous proposons, ils partagent  leur expérience sur cette plateforme lancée en 2016 sur les réseaux sociaux. Ils partagent également leur expérience avec le métier qu’ils pratiquent depuis plusieurs années. George Alain Boyomo, le Directeur de Publication de Mutations est notre deuxième invité.

Bonjour Georges Alain Boyomo, et merci de vous prêter au jeu !

Bonjour cher ami, bonjour Mediatude

 Médiatude, ca vous dit quelque chose ? (Sourire)

Si, ça me dit quelque chose. Sur les réseaux sociaux, je suis tombé à plusieurs reprises sur la page et des posts de Médiatude. Le sérieux et la rigueur que j’ai constatés au fur et à mesure de la lecture m’ont donné envie de revenir. Puis j’ai attentivement suivi le sondage qui visait à primer les meilleurs du monde des médias. La suite de l’histoire c’est que Mutations a été sacré meilleur titre de presse écrite,  avec sa Une renversée. Un titre inédit dans l’histoire de la presse camerounaise.

 Comment et si possible quand, avez-vous connu Médiatude ?

C’est justement à l’occasion du sondage signalé plus haut que j’ai connu Mediatude et je m’y suis familiarisé.

 Votre première réaction quand vous avez visité notre page Facebook et ou Twitter ?

Je suis tout de suite tombé sous le charme de cette initiative. Je me suis dit waoouh , voilà une excellente idée qui mérite un accompagnement !

 Nous lançons notre site web après deux ans et demi d’existence sur les réseaux sociaux. Un site web essentiellement dédié à l’actualité des médias et le premier du genre au Cameroun. Que peut apporter de plus cette plateforme dans la vie des médias au Cameroun selon vous ?

Sur la base des états de service de Mediatude, ce site va davantage éclairer sur la vie des médias, des femmes et hommes de médias. Seulement, il faudra rester professionnels, peser, soupeser, croiser les informations pour éviter d’être happés par la spirale des fake News.

 Pour certains observateurs, les médias camerounais tardent à décoller. Quel regard portez-vous sur cet univers tel que pratiqué de nos jours au Cameroun ?

Les médias, notamment ceux à capitaux privés, font face à une récession économique sévère. Cela a indéniablement un impact sur la qualité des contenus. Il y’a également une érosion dans la formation et Le sérieux des journalistes. J’ai le sentiment que  le journalisme est devenu un pis-aller pour certains jeunes. Beaucoup sont inaptes du fait d’une appropriation lacunaire des règles professionnelles, de grammaire et d’orthographe , mais surtout d’un déficit criard de Culture générale. Ceux qui ont quelque compétence manquent généralement d’humilité et de patience.

Vous êtes à la tête du journal Mutations depuis quelques années. Le journal a d’ailleurs été sacré journal de l’année aux Awards des Médias 2018. Tout se passe bien ?

Ce n’est pas le paradis et ce n’est non plus l’enfer. Je suis Directeur de publication de Mutations depuis deux ans. Sur le plan de la gouvernance managériale, nous avons redressé la barre sur beaucoup d’indicateurs. Nous avons réduit la dette abyssale de l’entreprise, honorer à peu près régulièrement nos obligations en matière de bail, vis-à-vis du fisc et de la Cnps. Les salaires du personnel sont payés à une cadence plus intéressante. Nous aurions souhaité satisfaire davantage les attentes légitimes du personnel, mais beaucoup de nos prestations restent impayées. Les administrations publiques, pour ne citer qu’elles, nous doivent à ce jour près de 50 millions Fcfa.

Sur le plan éditorial, nous avons donner un souffle nouveau à Mutations, qui semblait depuis quelques années avoir irrémédiablement son avenir derrière lui. La génération actuelle a désormais des arguments et surtout la légitimité pour affirmer qu’elle a travaillé pour que Mutations tiennent son rang de journal crédible, sans doute le plus influent du Cameroun, dans des conditions particulièrement éprouvantes et dans un contexte de concurrence tous azimuts. Il y’a encore beaucoup à faire pour densifier et massifier le contenu. Pour autant, il ny’a pas de quoi rougir sur ce qui est déjà fait.

Je voudrais remercier tout le personnel et particulièrement la responsable des affaires financières, Madame Boulounou. Merci à tous les aînés et partenaires qui nous encouragent d’une manière ou d’une autre. Merci spécial à Monsieur Protais Ayangma, président du conseil d’administration de la South Media  Corporation, Société éditrice de Mutations, pour son soutien et sa clairvoyance.

 Un souvenir en particulier depuis que vous avez rejoint Mutations ?

Plutôt deux souvenirs, si vous permettez. Le souvenir d’un manquement professionnel qui a failli me coûter ma carrière. Beaucoup avaient alors mis ma tête sur le billot sans savoir où feignant de ne pas savoir le fin mot de l’histoire. J’avais assumé courageusement. Dieu merci, le directeur de publication de l’époque, Alain Blaise Batongue, et certains collègues, ne doutant pas de mon professionnalisme, m’avaient soutenu.

D’autres, voyant ou redoutant ma marge de progression, S’en servaient pour me servir régulièrement un tombereau de quolibets! Mais le temps est et reste le seul tribunal de l’histoire, comme aime à le dire un ami.

Le second souvenir, bon celui-là, ce sont les félicitations qui viennent de toutes parts, s’agissant des titres de Mutations depuis que je suis Dp. Les dernières que j’ai reçues il y’a quelques temps, viennent de Charles Ndongo et Alain Belibi. Lorsque des icônes comme celles là , vous disent bravo, va de l’avant, vous sentez que les planètes s’alignent pour vous…Et ça donne envie de faire encore plus et mieux.

 Nos abonnés sont très fans de vos Titres chaque matin et les trouvent originaux. C’est quoi votre secret ?

Le titre c’est la vitrine d’un journal. Il détermine généralement pour beaucoup la sympathie ou l’attachement pour un journal. Je suis fan des titres incitatifs depuis l’école de journalisme. Je suis par ailleurs un fan du journal français Libération qui excelle en la matière. L’audace dans les titres à été, un temps, l’un des principaux marqueurs de Mutations, dans les pages intérieures. J’ai pris sur moi de renforcer cette audace et de la porter à la Une. J’amène mes collaborateurs à travailler dans ce sens. Ce n’est pas facile car ça nécessite une culture professionnelle et une Culture générale robustes. Après la Une renversée de début décembre 2018, nous avons compris que notre lectorat ne voulait plus des titres stéréotypés et qu’il réclamait du génie et du panache dans les titres de Une. Nous sommes donc montés en puissance. Le meilleur est sans doute à venir.

Comment se sont fait vos débuts dans le métier ? Parlez-nous de votre parcours en quelques mots.

Je suis entré véritablement dans le journalisme en 1999. A la faveur d’un deuxième stage de vacance à Crtv FM 94, le Rédacteur en chef de l’époque, Jean Francois Nguegan, aujourd’hui enseignant à l’Esstic, décide de me surclasser. J’integre donc la rédaction de cette radio urbaine, où j’exerce comme reporter jusqu’en 2002, sans acte de recrutement. Entretemps, en l’an 2000, j’entre à l’Esstic et j’en sors en 2003. Le Dp de Mutations de l’époque, Haman Mana, qui avait suivi un certain nombre de pensionnaires de la promotion 2000-2003, souhaitait les accueillir dans la maison après la formation. Ce d’autant plus que nous avions passé le stage académique à Mutations. Mais j’ai faussé compagnie au Dp et à mes camarades, en choisissant plutôt la radio. Ayant attendu en vain d’être embauché à la Crtv, je me lance dans l’aventure Radio Campus U Y II. J’y resterai de 2003 à 2006. J’ai été le premier Rédacteur en chef de cette radio universitaire logée à l’Esstic.

En décembre 2006, je suis recruté par Le Messager de Pius Njawe et affecté comme chef de bureau grand Nord. En cette qualité, je suis tenu de produire un supplément hebdomadaire (en plus d’articles ponctuels) de quatre pages dénommé  » Le septentrion », que le journal expérimente. J’ai tenu le pari de 2006 à 2009, dans des conditions souvent rudes.

En août 2009, je postule à un appel à candidatures à Mutations. Je suis admis. Dans la maison, je vais gravir toutes les marches, reporter, chef de rubrique Éducation, chef de rubrique Politique, Rédacteur en chef adjoint, Rédacteur en chef, avant d’être nommé directeur de publication le 30 mars 2017. Après un appel à candidatures…

 Quelles sont pour vous les valeurs qui vous accompagnent dans votre métier

Modestie, travail, rigueur, patience et persévérance.

Quels sont vos modèles de réussite dans le métier ?

La liste de mes modèles est un peu longue. J’ai de l’admiration pour Alain Blaise Batongue pour sa vivacité d’esprit, son caractère perfectionniste, son sens de l’organisation et son côté humain. L’esprit d’à propos, la finesse et l’éclectisme de Valentin Zinga m’ont toujours impressionné. J’admire la qualité des titres et des billets de Alain Belibi, la profondeur et l’élégance dans l’analyse de Charles Ndongo. Je suis aussi sous le charme d’un certain nombre d’éditorialistes et chroniqueurs français. Jacques Julliard (Marianne), Natacha Polony (Marianne), Jacques Attali (L’express), Christophe Barbier (L’express), entre autres…

 Des souhaits et suggestions pour l’équipe de Médiatude qui entame ce nouveau challenge ?

Beaucoup de courage et de professionnalisme. N’oubliez surtout pas que c’est devant l’obstacle que se mesure la capacité d’endurance, de résilience. N’oubliez pas qu’il est plus facile d’arriver au sommet que de s’y maintenir.

Pour l’addition ! Espèrerez-vous être nominé ou votre émission, par les internautes en décembre prochain lors de la 3eme éditions des Awards des Médias que nous organisons ? (Sourire)

Mutations c’est une équipe qui travaille au quotidien pour offrir un journal de qualité aux lecteurs, de lundi à vendredi. Si les internautes estiment que ce travail doit être récompensé, ça ne peut que nous réjouir. C’est un stimulant qui nous va tout droit au cœur.

© Entretien avec Médiatude

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