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Interview Eva Mballa : « J’ai décliné l’offre de la CRTV. C’était pour un poste au sein du desk anglophone »

Rencontre avec Eva Mballa, deux mois après son arrivée à Dash Média à Douala. La journaliste, ancienne de Gabon 24 et Label Tv au Gabon nous parle de son métier, ses missions à Dash Média de Bony Dashaco, mais aussi de ses années passées au Gabon. Entretien

Médiatude : Quel est votre quotidien depuis votre arrivée chez Dash Média ?

Eva Mballa : Tous les jours je rédige des sujets, je prépare mes émissions (Deux émissions phares) et je suis programmée pour la présentation du journal en anglais (19h, prime time). Mais avant tout, j’avais un rapport important à rédiger dès mon arrivée

Quel a été l’élément décisif qui vous a poussé à porter votre intérêt sur Dash Média ?

La vision.

Au Cameroun avez-vous eu des propositions d’autres médias ?

Bien évidemment. La première proposition que j’ai eue était bien avant que je ne décide de m’installer définitivement. C’était pour un poste à la CRTV au sein du desk anglophone, mais j’ai décliné l’offre. Par la suite, j’ai été sollicitée au sein de la rédaction de AFRICA24 pour le bureau de Yaoundé, mais les choses prennent du temps à se mettre en place. J’avais besoin de me mettre au boulot après plus d’un mois d’attente, suivant la date à laquelle j’étais censée prendre le service.

Pourquoi avoir choisi le Gabon pour débuter votre carrière ?

Ce n’était pas du tout calculé. J’avais besoin d’un stage pour ma soutenance de fin de cycle. L’année antérieure soit en 2014, j’avais fait un stage à la Crtv et l’année d’avant j’étais au quotidien Le jour. Je n’ai jamais aimé la radio donc je ne cherchais pas apprendre comment ça se passe en radio. J’avais l’impression qu’en dehors de ces deux médias de référence il n’y avait plus rien à découvrir ou à apprendre dans d’autres médias locaux. Je me suis lancée à la recherche d’un stage à l’extérieur et j’ai eu une occasion incroyable : intégrer la rédaction de TV5 en tant que journaliste stagiaire pour une période de 6mois. Malheureusement, cette chaine de renommée mondiale ne propose pas de stages de 3mois comme requis par l’ESSTIC donc c’était peine perdue. Désespérée et attristée d’avoir loupé une telle occasion, j’en parle avec mon oncle alors en fonction à Libreville et il me dit : « mon ami Ministre des sports vient de lancer une chaine Tv, si ça t’intéresse j’organise tout pour que tu obtiennes ton stage ici ». J’ignorais tout de ce pays et encore plus de son paysage audiovisuel mais dans ma tête c’était « tout sauf le Cameroun ». À la suite de mon stage et après ma soutenance, j’ai envoyé mon relevé de notes à mon encadreur, alors Rédacteur en chef à Kanal 7 et il m’a dit : « avec votre niveau, vous méritez une place au sein de notre rédaction. Si ça vous intéresse de vous installer au Gabon bien sûr ». J’ai sauté sur l’occasion et je ne le regrette pas du tout car je pense que si j’avais débuté ma carrière ici, je n’aurais certainement pas eu les mêmes expériences et acquis, le même carnet d’adresses, les mêmes opportunités ou la simple occasion d’exprimer mon talent. L’emploi au Cameroun est complexe et ça l’est encore plus quand on est méritant. J’ai l’impression que nous sommes dans un environnement qui fait plus la promotion de la médiocrité que du travail bien fait.  

Pourquoi revenir au Cameroun maintenant ?

Le Cameroun est mon pays et personne ne m’avait chassée (rires) ! Si j’ai décidé de rentrer dans mon pays, je ne dois d’explications à personne. De plus, quand je suis partie je ne me rappelle pas avoir eu à expliquer pourquoi. Même s’il est vrai que la raison principale de mon retour n’était pas professionnelle, je me suis dit qu’il est temps de mettre mes compétences et mes acquis au service de mon pays après 7 ans de carrière à l’extérieur.

Quel regard portez-vous sur le paysage audiovisuel camerounais ?

En toute franchise, je pense qu’on a encore beaucoup de travail à faire et beaucoup à apprendre. Les médias camerounais doivent s’approprier le respect de l’éthique et de la déontologie du métier. La qualité des programmes, les problèmes d’ordre techniques, la structuration et même les conditions de travail sont des maux qui minent notre secteur d’activité. Entre autres, je trouve que la jeunesse n’a pas encore sa place dans le milieu médiatique au Cameroun. On ne nous laisse la possibilité de changer les choses ou d’apporter notre pierre à l’édifice dans aucun médias de la place.  L’ancienne génération a du mal à céder sa place aux plus jeunes, qui en réalité sont l’avenir de ce métier. Par exemple, au Gabon en 2017 je deviens rédactrice en chef à Label Tv (média privé) à seulement 24ans. C’est aussi en travaillant pour ce média que j’ai eu la chance d’interviewer le Chef de l’Etat Gabonais. Par la suite en 2021, j’occupe la même fonction à Gabon24, média de la Présidence de la République. Toutes choses que je pense ne sont absolument pas réalisables au Cameroun.

Nous rêvons encore et sommes prêts à prendre le relais pour faire les choses autrement et en innovant. A ce jour, les médias ne cessent d’innover, créer et améliorer pour fidéliser une audience de plus en plus exigeante à l’ère du numérique.  

Vous êtes connue dans le monde des « people » de la capitale politique Yaoundé, vous considérez-vous comme une people ?

Le terme « people » est un néologisme. En effet, il provient du terme anglais « people » qui signifie « célébrité ». Si être journaliste fait de moi une célébrité, alors oui je suis une « people ». Si c’est parce que je côtoyais certaines personnes ou parce que dans ma jeunesse j’étais une « party Monster » qu’on me considère comme une « people », alors je n’en suis pas une. Je suis de ceux qui pensent qu’il faut être célèbre pour les bonnes raisons. Après avoir fait des études et tenue des fonctions je pense qu’être considérée comme une « people » est réducteur.

Je me considère plus comme une personnalité publique car j’ai des responsabilités vis-à-vis du public en tant que journaliste (4ème pouvoir), j’ai un rôle à jouer dans la société et pour la société, j’ai une image à entretenir et préserver et j’ai des ambitions qui vont au-delà des réalités. Je suis une rêveuse et je pense qu’avec des efforts je peux accomplir mes rêves.  

Une actualité qui a défrayé la chronique il y a quelques semaines sur internet, c’est votre « bagarre » avec l’influenceuse Coco Emilia, quelles relations avez-vous avec cette dernière depuis votre altercation ?

Il n’y a jamais eu de bagarre. Et je n’entretiens aucune relation avec cette dernière. Que Dieu nous garde tous. Le temps est le meilleur tribunal de l’histoire.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre job ?

J’ai choisi de faire ce métier par admiration pour une proche de ma mère Michel MAKAKE, décédée lorsque j’avais 8ans et je pense que c’est l’une des raisons pour laquelle chaque aspect de ma profession me tient à cœur. Pour les personnes qui ont travaillé avec moi ce n’est pas discutable que je suis passionnée et motivée quand il s’agit de mon travail. Rien ne passe avant mon travail et tant que je n’ai pas terminé d’effectuer mes tâches, je ne m’arrête pas de bosser. J’aime apprendre, j’aime traiter les informations et les communiquer au public, j’aime mener des débats et par-dessus tout, j’aime former mes équipes car je pense que dans ce métier il n’y a pas meilleurs accomplissements que de voir quelqu’un qui a appris de vous, réussir.  

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