Aimé Moukoko : « Le PDG de CAM 10 TV m’a abordé humblement. C’est la première fois que j’ai un patron qui se déplace et vient vers moi »
C’est officiel depuis plusieurs jours l’ex- présentateur de Canal Matin, a quitté Canal 2 International. Un départ pour CAM 10 TV, une jeune chaîne de télévision camerounaise basée à Yaoundé. Médiatude a rencontré le journaliste spécialiste des questions de sport à la faveur d’une interview. Il revient sur son expérience jusqu’ici, l’aventure Canal 2, les véritables de son départ, défis et challenges de la nouvelle chaîne mais surtout il révèle l’identité de son « patron » à CAM 10 TV. Il parle également de son nouveau salaire à CAM 10 TV. Interview
Médiatude : Vous avez récemment quitté la chaîne Canal 2 International où vous avez connu une véritable ascension dans votre carrière, quelles ont été les raisons de votre départ ? Est-ce une démission ou un licenciement ?
Aimé Moukoko : Oui, effectivement j’ai démissionné de Canal 2 International. J’ai arrêté volontairement de continuer de bosser avec cette chaîne qui m’a beaucoup apporté comme beaucoup d’autres projets que j’ai faits ; aujourd’hui je roule vers de nouveaux challenges. Et justement, c’était un peu bouleversant parce que mon patron savait que je devais arrêter le 30 septembre. Je ne pouvais pas le dire à la télé mais je pense que j’ai fait le minimum pour assurer la tâche qu’on m’a confiée à Canal Matin. Donc ma décision était prise personnellement, avant le mois de septembre mais j’ai eu l’opportunité de faire une dernière émission et pour moi c’était une sortie par la grande porte.
Que retenez-vous de l’aventure Canal 2 International ?
Ce que je retiens c’est la capacité d’avoir montré mon savoir-faire. J’ai pu commenter de gros matchs, de grosses compétitions et pas que football, basket, volleyball, tennis mais beaucoup d’autres disciplines. Le golf aussi, que j’ai suivi et initié en émission et en compétition en tant que reporter. De belles initiatives de Canal 2, qui m’ont permis de montrer ce que je savais faire ; peut-être pas totalement mais je me suis assez développé sur tous les domaines y compris l’animation où beaucoup de personnes ne me voyaient pas venir après le départ de Jason Black mais je pense que cela a simplement permis de créer. Et moi, j’aime les challenges et les défis. La routine c’est un peu délicat donc quand je peux, je propose, j’essaie de faire ce que je peux faire. J’ai beaucoup appris aussi et surtout à améliorer mon côté JRI (Journaliste Reporter d’Image, ndlr).
C’était une bonne école et l’école se poursuit. Maintenant on monte au niveau supérieur parce qu’il y aura plus de travail à faire. Ce ne sera pas le même confort que Canal 2 mais il y’aura plus l’envie de montrer que ce qu’on a appris sur la chaîne verte, on peut le faire ailleurs.
Quelles ont été vos motivations à choisir CAM 10 TV, nouveau dans l’univers médiatique, au détriment d’un média un peu plus connu ?
Ceux qui me connaissent savent que Aimé Moukoko c’est un challenger. Avant Canal 2, j’étais dans une petite radio (Médiafrique, ndlr) où j’ai apporté mon petit savoir et avant cela j’étais dans une autre radio qui a pris de l’ampleur aujourd’hui (RSI, ndlr). J’ai eu la chance de toujours être dans des projets, qui à la base sont des « no name ». C’est cela qui permet à l’homme de se développer. Je ne dis pas que ceux qui sont dans les chaînes connues prennent des challenges faciles. Non. Il faut le mériter pour être à Canal 2 International. C’est le travail. Ce n’est pas la cooptation, ni même le parrainage. J’estime que quand on va vers une nouvelle chaîne comme CAM 10 TV, parce qu’elle est nouvelle elle a besoin d’un peu d’expertise. J’apporte modestement ce que je peux faire et je m’évalue mieux avec les conditions qui ne sont pas les mêmes mais le plus important, c’est la passion. Je suis là preuve vivante de ce que la passion peut déplacer des montagnes. Je n’ai pas un parcours qu’on aurait cru très élogieux au plan académique. Je n’ai même pas fait l’ESSTIC. Mais je me retrouve dans ce domaine parce qu’à force d’apprendre auprès de aînés, de la routine.
Des nouveaux projets comme CAM 10 TV ont besoin de personnages aussi disponible. Le PDG m’a abordé humblement et d’ailleurs, c’est la première fois que j’ai l’opportunité d’avoir un patron qui se déplace et vient vers moi, qui me dit ce qu’il veut. C’est tombé à un moment où j’avais besoin de changer. Je pense qu’on va relever les défis et CAM 10 TV, la télévision républicaine c’est un bon challenge. Ça permettra aux camerounais de savoir que ce n’est pas forcément les télévisions que nous suivons mais bien les programmes et les acteurs. Certains ont compris l’importance de la ressource humaine qu’il faut savoir valoriser. J’espère pouvoir m’épanouir à fond.
Il est clair que votre arrivée dans ce média est dans le but d’optimiser son image et véritablement le positionner en chaine généraliste majeure au Cameroun, quels sont les objectifs et défis que vous vous êtes fixés ?
À CAM 10 TV, les challenges sont simples. Je me définis comme un présentateur tout terrain, dans la mesure où j’ai besoin à chaque format d’explorer et aujourd’hui, je vais donner tout ce que je sais faire. Je suis JRI, donc je filme, je traite le son, je monte, je réalise mes papiers et j’envoie directement le contenu prêt-à-diffuser. Ça m’amène à revenir à cette activité que j’avais un peu perdu du fait de la Matinale.Je vais apporter ma petite contribution pour améliorer le rendement de certains qui apprennent encore, car on m’a tendu la main quand je commençais.Ne soyez pas surpris après, si on a les droits de retransmission des matchs des lions indomptables, je pense que le PDG ne va pas lésiner sur les moyens, s’il va falloir proposer aux téléspectateurs des matches, les faire commenter par Aimé Moukoko et l’équipe de sport. Vous aurez Aimé Moukoko en plus développé, en plus inspiré. On a toujours besoin de se réinventer et c’est ce que je compte faire à CAM 10, si tout se passe bien.
Comment décririez-vous l’ambiance de travail sur CAM 10 ? Y-a t-il d’autres figures importantes des médias qu’on pourrait retrouver sur la chaîne ?
C’est une belle ambiance, une jeune équipe. Des personnes qui ont bossé dans des télés pas très connues mais qui sont disponibles et prêtes à affronter la scène internationale. Avec tout ce qu’il y’a comme télé aujourd’hui, personne ne fait de la télé pour soi.
Les locaux sont en cours. J’annonce ici qu’il y aura peut-être la plus grosse infrastructure de télé privée au Cameroun, en termes de bâtisse. Mais dans les petits espaces que nous pouvons déjà exploiter, on peut créer de la magie. C’est ce qu’on apporte en plus. J’ai des jeunes frères qui acceptent d’apprendre, moi également j’apprends de certains. Mes collègues sont très ouverts et aujourd’hui j’espère apporter, dans cette tranquillité d’esprit, tout mon savoir-faire à CAM 10 TV.
Petite indiscrétion. De Canal 2 et CAM 10, qui paie le mieux ? 😅
Pas besoin d’indiscrétion. (Rires). Le meilleur salaire vient du seul patron que nous avons. C’est « Papa God » (Dieu, ndlr). C’est lui qui est le patron de tous les patrons. Tu peux avoir 50.000 francs à la fin du mois mais tu es plus épanoui qu’un mec qui a 500.000 francs. On ne va pas situer la réussite par rapport aux moyens financiers. Je pense que le plus important, c’est d’être bien épanoui, libre dans sa tête pour pouvoir créer. Pour moi, le plus important était sécuriser le bien-être et il est clair que quand un club décide de dégommer un titulaire, il met le paquet. Généralement, ça se passe toujours bien pour la personne en question.
Aujourd’hui si j’avais voulu la notoriété à tout prix, je n’aurais pas quitté Canal 2. On est des jeunes, on a besoin de s’affirmer, de laisser les traces de notre histoire quand on ne sera pas là demain. Le plus important c’est de pouvoir faire quelque chose et que les patrons puissent accompagner ce que tu veux faire et là je suis à l’abri du besoin sans pour autant être le plus nanti des journalistes (rires)
Dans quels programmes pourrait-on vous retrouver sur CAM 10 TV ?
Les programmes sont calés pour l’instant et on est en train de faire une grosse communication. Je vais tenir un programme de sport parce que le sport et moi, c’est un peu l’écorce et l’arbre. On comprend que je ne peux pas m’en détacher. J’aurai un magazine qui va s’intituler « 237 Sports », tous les lundis à partir de 17h. On ne rentrera pas trop dans les débats de querelles intestines, mais davantage on donnera le ton au jeu et aux acteurs principaux parce que ce sont eux qui nous font rêver.
Et puis, comme l’animation un peu light et décalée me colle bien à la peau, en attendant de faire une quotidienne, j’aurai un rendez-vous qui va s’appeler « Ma patrie d’abord ». Un peu d’échange, talk-show avec les acteurs venus de plusieurs univers. Ça peut être du cinéma, de la littérature, un boulanger, un militaire… mais des gens qui ont des expériences à apporter, par rapport à leur vécu et à la problématique qu’on va poser. Ce ne sont pas les célébrités qui m’intéressent mais c’est ce que nous pouvons apporter dans l’échange pour développer notre pays et ne pas attendre que les autres le fassent pour nous. Il y’aura beaucoup d’animation. Ce sera une émission rendez-vous.
MERCI Aimé Moukoko d’avoir répondu à nos questions et bonne continuation !
Merci à vous. C’est bien de venir à la source. Le premier article que vous avez pondu était la retransmission fidèle d’un texte qui venait du cœur, à l’endroit de mes anciens collègues qui sont des confrères aujourd’hui.
J’ai envie de marquer les esprits, faire des choses pour les autres parce que quand on les fait pour soi-même, c’est éphémère et quand on les fait pour les autres, c’est éternel.
© Entretien avec S.B, Médiatude