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Rahainatu Sali : « Je me sentais accomplie, de savoir que je suis devenue la première Mbororo à apparaître sur la CRTV »

Issue d’une minorité longtemps marginalisée, la journaliste a réussi par son travail à porter haut le flambeau de sa communauté, et à améliorer les conditions d’accès de la jeune fille à une éducation de qualité dans celle-ci. Invitée de la plateforme web « Minority Africa », traitant de la question des minorités, la journaliste est revenue sur son parcours.

Rahainatu Sali. Ce nom restera gravé en lettre d’or dans l’histoire médiatique du Cameroun. Reporter et présentatrice du 12h en langue anglaise depuis plusieurs années sur la CRTV TV, la journaliste est la première femme issue de la communauté Mbororo à atteindre ce niveau. Un honneur qu’elle ne boude pas, et qu’elle indique être d’ailleurs positif pour la promotion de sa communauté, et la valorisation de l’éducation de la jeune fille dans celle-ci : « Je me sentais vraiment accomplie de savoir que je suis devenue la première Mbororo à apparaître sur une télévision d’État, faisant des reportages, présentant le Journal. J’ai l’impression que la communauté Mbororo dans son ensemble a réalisé quelque chose, en particulier la jeune fille. » 

Elle a aussi utilisé ce strapontin, pour prouver que des compétences et de nombreux talents sont perceptibles dans sa communauté : « J’ai remarqué que lorsque vous prouvez vos compétences aux gens, leur perception change. Et aujourd’hui, les choses changent et je suis contente de cela ».

Si son parcours académique n’a pas été facile à cause notamment des stigmatisations sur sa communauté, elle pense avoir réussi à changer certaines perceptions au sein même de celle-ci : « Je pense juste que les Mbororo doivent faire leurs preuves. Il y’a beaucoup d’évolution. Ce n’est plus comme avant où ils ne voulaient plus aller à l’école. Aujourd’hui, nous avons des femmes [Mbororo, ndlr] qui sont médecins, docteurs d’université, qui travaillent dans de grandes organisations ».

A la CRTV, cela n’a pas été facile avec la grande concurrence à son poste. Il y’a eu le principe de représentation sociologique, mais surtout elle le note, celui du talent. Son passage d’ailleurs à l’antenne, est devenu une ode à l’émergence de la jeune fille Mbororo : « Un an après avoir été recrutée, j’ai commencé à présenter le journal (…) C’est vrai qu’on m’a mise là pour plus de représentativité, étant que donné que je viens d’une minorité. Mais même si je suis Mbororo et que  je suis pauvre, on ne va pas te mettre à la télé pour parler de jazz aux gens. Je suis vraiment contente que ma hiérarchie accepte et apprécie mon travail ». Elle est aussi devenue surtout un symbole pour l’ensemble des jeunes filles de l’une des communautés les plus marginalisées du Cameroun : « Étant ici [à la télé nationale, ndlr], ça a énormément impacté les jeunes filles Mborojo. Elles me voient à la télé, elles m’appellent et me disent :  » J’ai envie d’être comme toi », « Je veux que tu sois mon mentor », « Je ne veux pas finir à la cuisine « . Étant à la télé, cela a vraiment changé leur perception par ce que beaucoup pensent qu’elles n’ont pas cette opportunité . Mais tu ne peux pas avoir cette opportunité si tu ne vas pas à l’école ».

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