Figure Médiatique

Abed Nego Messang : Itinéraire d’un météore

Emporté en avril 2005 par un cancer, l’ancien chef de service des Sports de la CRTV aura marqué plus d’une génération, tant par ses dispositions professionnelles que personnelle. Alors qu’on commémore le quinzième anniversaire de sa disparition le 28 avril 2020, Médiatude vous propose de revisiter les moments importants de sa carrière.

Des années durant, les auditeurs du journal de 17h sur le poste national de la CRTV ont flirté avec sa voix. Elle était simple et rocailleuse, riche d’un naturel particulier qui allié à sa culture et à sa stature, ont construit toute sa légende. Pour ceux qui l’ont connu, c’était un maniaque des choses bien faites. Peut-être le devait-il à la stricte éducation qu’il avait reçu dès sa jeunesse dans la zone proche de la ville d’Abong-Mbang, au cœur de l’Est du Cameroun. Déjà jeune ici, au lycée classique de la ville où il étudiait alors, il s’était fait remarquer pour ses capacités intellectuelles particulières et son amour pour la chose journalistique. Il s’amusait alors, à présenter des kermesses où à commenter des matchs d’inter-écoles.

Bachelier, il avait pris le chemin de Yaoundé. L’université de la ville, puis la promotion 1984 de l’école supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (ESSTIC). Il est le promotionnaire alors de personnalités comme Michel Ndjock Abanda. À sa sortie de ce moule prestigieux, il intègre la CRTV. Très vite, il se fait remarquer. Sorti d’une spécialisation en économie, il avait pris une tangente plutôt curieuse en se rapprochant, en intégrant et en dirigeant un service qui alors, semblait être voué aux parias de la maison. C’était le service des Sports. Chroniqueur dans l’émission Dimanche midi et présentateur du programme en son temps, ses passages à l’antenne étaient devenus de véritables rendez-vous pour les auditeurs.

Dans les couloirs de la CRTV, il était impossible de ne pas remarquer cet homme à la stature imposante, à l’élégance rare et à la démarche ferme. Frappé d’un sourire en coin, il avait cette disposition de mettre au boulot, ou de faire vibrer un éclat de rire. Il pouvait également, simple feuille, juste en levant la tête vous produire un texte journalistique d’une beauté inégalable. Il avait le style pour plaire.

Journaliste et team Press officer des Lions indomptables du Cameroun, il avait été de tous les succès, mais aussi de quelques échecs. Avec une dizaine de compétitions sportives à son actif, il était aussi une bibliothèque pour les Lions. « Il était aussi un Lion ». Joseph Antoine Bell, ancien Lion indomptable le rappellera d’ailleurs dans une anecdote : « Nous étions au Mali en 2002. Au soir de la demi-finale gagnée par l’équipe du Cameroun face à l’équipe nationale du Mali, des militaires maliens nous ont arrêtés et ont réclamé qu’on se mette à genou. Alors que certains d’entre nous obtempéraient, Abed leur a dit : ‘que de me mettre à genou devant vous, je préfère mourir debout’ ».

De retour de cette coupe d’Afrique victorieuse, il avait suivi les Lions à la coupe du monde Corée-Japon, beaucoup moins heureuse. De retour de cette compétition, ses problèmes de santé avaient commencé. Peu à peu, il avait perdu en poids et en constance. Il était atteint d’un cancer. Partagé entre l’hôpital et le travail, il se refusait à l’immobilisme. Il avait donc voulu tel un soldat tomber au champ de bataille. Considérablement diminué, il décédera finalement à Bordeaux en France le 27 avril 2005. Il était alors âgé de 44 ans.

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